Revue de presse féministe & internationale du 21 au 28 juillet
28 juillet 2023Mardi de la CLEF #27 : Protéger les femmes et les filles en Europe
28 août 2023Revue de presse féministe & internationale du 28 juillet au 25 août
IRAN
Arrestations massives de défenseur·ses des droits des femmes.
Les médias d’opposition iraniens dénoncent l’intensification de la répression contre les défenseur·ses des droits des femmes, dont une douzaine, majoritairement des femmes, ont été arrêté·es la semaine dernière.
Selon Bidarzani, un groupe iranien indépendant de défense des droits des femmes, les autorités du pays ont arrêté mercredi 16 août au moins une douzaine de militant·es pour les droits des femmes, dont onze femmes. La plupart de ces arrestations ont été effectuées au cours de descentes au domicile des activistes lors d’une grande opération dans la région de Gilan, au nord du pays. Selon l’agence de presse Tasnim, les militant·es ont été accusé·es par le pouvoir d’inciter “au chaos et au vandalisme” et “planifiaient de perturber la sécurité”. L’agence de presse Fars a également signalé que les autorités accusent aussi les militant·es d’être financé·es par des services de renseignement étrangers. Plusieurs organisations, à l’instar de Bidarzani, ont dénoncé la nature politique de ces détentions, qui se sont déroulées dans des conditions totalement arbitraires et illégales (impossibilité pour les familles d’établir un contact, manque d’information concernant les détenu·es, interrogatoires de nuit…)
Parmi les détenu·es se trouvent plusieurs défenseuses des droits des femmes connues. Jelveh Javaheri, par exemple, est une journaliste et membre fondatrice de la Campagne pour l’Egalité, dont l’objectif est de mettre fin à la discrimination légale dont sont victimes les femmes en Iran. Elle avait déjà été arrêtée à plusieurs reprises ces dernières années, toujours en lien avec ses activités de défenseuse des droits humains. Forough Sameinia, journaliste également, travaille aussi pour le média Bidarzani, comme Javaheri. Les deux femmes avaient lancé ensemble une campagne contre la violence familiale en 2016.
Ces arrestations font partie d’un mouvement plus large s’étendant à toute la région, où au moins 22 activistes, dont une majorité de femmes, ont été arrêté·es ce mois-ci. Cette accélération d’arrestations arbitraires reflète l’intensification de la répression iranienne alors que la société civile s’apprête à célébrer le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, événement à l’origine de la révolte populaire qui secoue le pays depuis septembre 2022. La défenseuse des droits des femmes Mansureh Shojaee a dénoncé ces arrestations comme étant un outil supplémentaire dans la stratégie répressive du gouvernement iranien. Les autorités s’attaquent en effet aux activistes pacifistes afin de mater toute amplification des manifestations de rue, qui ont pourtant ralenti. En effet, alors que le mouvement “Femmes, Vie, Liberté” approche de son premier anniversaire, le pouvoir islamique renforce la répression contre la société civile, comme nous avons pu le voir avec la résurgence de la police des mœurs en juillet dernier.
Human Rights Watch, « Iran: Mass Arrests of Women’s Rights Defenders », 19 août 2023.
New York Times, « Women’s Rights Activists Rounded Up in Iran as Protest Anniversary Nears », 17 août 2023.
ESPAGNE
Une célébration en demi-teinte de la victoire à la Coupe du Monde féminine.
Ce dimanche 20 août, les Espagnoles ont remporté, pour la première fois de leur histoire, la Coupe du Monde de football en Australie. Si l’engouement populaire autour des équipes féminines et les performances des joueuses étaient à célébrer, le sexisme est venu une fois de plus gâcher la fête.
L’Espagne est championne du monde, et la finale historique de dimanche est désormais le match de football féminin le plus vu dans le pays de tous les temps : 8,6 millions de téléspectateurs ont célébré en direct la victoire de leur équipe après le but de la capitaine Olga Carmona. En Angleterre, la nation perdante de cette finale, ce sont 15,9 millions personnes qui ont tout de même soutenu leur équipe derrière leur écran. Des chiffres record, contrairement à la France, où le score d’audience dimanche était de seulement 3 millions de téléspectateurs, loin derrière les 6 millions qui avaient regardé la finale de l’édition 2019. Malgré un faible engouement médiatique et populaire en France, cette édition de la Coupe du Monde a battu de nombreux records en Australie et Nouvelle-Zélande et en Europe, en termes de nombre d’équipes participantes (32 contre 24 précédemment) et de spectateur·ices (près de 2 millions de billets vendus, soit le double du chiffre de 2019), et donc en termes d’impact, sur et hors le terrain.
L’ampleur de la compétition et l’élan populaire qui l’ont accompagnée confirment la montée en puissance du football féminin, principalement en Europe de l’ouest. Ils témoignent de l’intérêt et l’investissement croissants du sport dans ces pays, où la pratique se répand et se professionnalise de plus en plus. L’engouement populaire et médiatique de certains pays autour de la Coupe du Monde a une valeur éminemment sociale et politique, dans ce sport qui a longtemps été considéré comme exclusivement masculin. En effet, en Angleterre, le football féminin a été interdit pendant cinquante ans par la fédération nationale de foot, jusqu’en 1971. Un scénario similaire s’est produit en Espagne sous le régime dictatorial de Franco, qui a interdit aux femmes de jouer au foot. L’équipe nationale espagnole ne s’est formée qu’en 1980, et a participé à sa première Coupe du Monde en 2015 seulement… Mais cette compétition, en atteignant aujourd’hui des dimensions planétaires, représente un véritable catalyseur de changement. En dehors des performances sportives et exploits des joueuses sur le terrain, le football féminin devient un instrument au service de la cause des femmes.
Mais si le triomphe des joueuses espagnoles et les célébrations dans tout le pays, une démonstration accablante du sexisme encore omniprésent dont sont victimes les footballeuses est venu entaché la finale. Lors de la cérémonie de remise des médailles, le président de la fédération espagnole de football, Luis Rubiales, a embrassé de force Jennifer Hermoso sur la bouche, devant les caméras du monde entier. Une piqûre de rappel du machisme et du sexisme qui règnent encore sur la discipline, et les différences de traitement entre joueurs et joueuses professionnel·les. Il paraît en effet difficile d’imaginer cette scène lors d’une compétition masculine… Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a dénoncé cette agression “qui montr(e) que, dans notre pays, il reste encore un long chemin à parcourir en termes d’égalité et de respect, et en termes d’égalité des droits entre les femmes et les hommes ». La Ministre de l’Egalité, Irene Montero, a également condamné le geste de Luis Rubiales comme une “forme de violence sexuelle dont sont victimes les femmes de manière quotidienne” et qu’il ne “faut pas normaliser”.
La joueuse Jenni Hermoso a officiellement réagi mercredi 23 août dans un communiqué de son syndicat. Elle a demandé que ces actes “ne restent pas impunis” et a exhorté la fédération de foot à prendre des “mesures exemplaires”. Ce jeudi 24 août, la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) a ouvert une procédure disciplinaire contre Luis Rubiales. Ce vendredi, contre toute attente, il a refusé de démissionner et déclaré être victime d’un “assassinat social” alors que le baiser était “mutuel et consenti”.
EL PAÍS, « El abuso de Rubiales », 22 août 2023.
New York Times, « For Girls in Spain, Women’s World Cup Win Is a Joy and a Catalyst », 20 août 2023.
Le Monde, « Le président de la Fédération royale espagnole de football s’excuse après avoir embrassé de force une joueuse », 21 août 2023.
ISRAËL
La ségrégation des sexes ultra-orthodoxe s’intensifie et menace les droits des femmes.
Plusieurs propositions récentes de partis d’extrême-droite et ultra-orthodoxes de la coalition gouvernementale visant à étendre la ségrégation sexuelle à l’espace public sont dénoncées en Israël, reflétant la division entre une majorité laïque et une minorité ultra-orthodoxe politiquement puissante.
Depuis la formation de la coalition gouvernementale en décembre 2022 et l’intégration de plusieurs partis d’extrême-droite et ultra-orthodoxes, plusieurs propositions de lois, ainsi qu’une augmentation d’incidents menacent les droits des femmes. Une inquiétude justifiée : à titre d’exemple, une des premières propositions de loi présentée par le parti ultra-orthodoxe Shas, membre de la coalition, demandait d’instaurer une peine de prison de 6 mois pour les femmes qui se rendraient au Mur occidental sacré de Jérusalem dans des tenues “inappropriées”. Les partis ultra-orthodoxes au pouvoir ne manquent pas d’imagination pour proposer des textes toujours plus discriminants envers les femmes; qui sont par ailleurs interdites de se présenter aux élections dans ces partis exclusivement masculins, bien que cela ait été condamné par un arrêt de la Cour suprême en 2019.
La dernière proposition de loi en date des partis ultra-orthodoxes vise à étendre les pouvoirs des tribunaux rabbiniques orthodoxes. Ces tribunaux sont déjà compétents en matière de divorce pour les couples juifs, ce qui est déjà problématique puisque seuls les hommes peuvent officiellement dissoudre un mariage. Il est également important de souligner que seuls des hommes siègent dans ces tribunaux orthodoxes. Le texte prévoit de nouvelles compétences dans des affaires civiles telles que les litiges au travail, alors même qu’un arrêt de la Cour suprême datant de 2006 limite les pouvoirs de ces tribunaux en matière d’arbitrage dans les affaires civiles.
Bien que ces propositions de lois n’aient pas encore été adoptées, le processus de ségrégation des sexes semble déjà lancé. Si la ségrégation sexuelle existait déjà dans certains lieux publics, les incidents ont fortement augmenté cet été. Au cours des derniers mois, les transports publics israéliens sont devenus le théâtre de ces discriminations. Les médias ont relaté plusieurs cas où des femmes se sont vues interdire l’accès à un bus ou un train à cause de leur tenue. Une jeune fille a porté plainte contre l’opérateur Egged pour avoir été harcelée et discriminée en raison de sa tenue. De nombreux chauffeurs refusent la mixité à bord des véhicules, comme il est d’usage chez les ultra-orthodoxes, et obligent les femmes à monter à l’arrière des bus, voire à ne pas monter du tout. Un inquiétant retour en arrière, puisque la Cour Suprême avait interdit, en 2011, les bus « Mehadrin » qui interdisent la mixité à leur bord.
Ces incidents témoignent également des actions menées par le gouvernement pour affaiblir la Cour suprême, qui a soutenu l’égalité des droits pour les femmes par des arrêts clés dans tous ces domaines. Bien que l’égalité des droits entre les femmes et les hommes soit garantie dans la déclaration d’indépendance de 1948, les droits des femmes sont de plus en plus menacés. Entre 2022 et 2023, dans le rapport Global Gender Gap du Forum économique mondial, Israël est passé de la 60ème place à la 83ème place…en l’espace d’un an.
New York Times, « Growing Segregation by Sex in Israel Raises Fears for Women’s Rights », 12 août 2023.
La Presse, « La ségrégation des sexes s’infiltre dans la sphère publique », 14 août 2023.
GRÈCE
Démantèlement d’un réseau de trafic d’êtres humains qui exploitait des mères porteuses.
Les autorités grecques ont démantelé un réseau criminel qui exploitait des femmes, mères porteuses, sur l’île de Crète, après une enquête de huit mois. Les suspects, qui sont actuellement traduits en justice, sont accusés de traite et de trafic d’êtres humains.
Le département grec de lutte contre le crime organisé a annoncé avoir arrêté huit personnes ce mois-ci en lien avec un réseau de trafic de bébés, après huit mois d’enquête. Quatre suspects sont encore détenus après avoir été entendus par le tribunal de Chania, en Crète. Le groupe est accusé d’avoir organisé, depuis une dizaine d’années, un trafic d’êtres humains à une échelle industrielle. Les futurs parents étaient leurrés à travers de faux/contrefaits traitements de fécondation in vitro (FIV). L’organisation falsifiait également les dossiers médicaux, tests de laboratoires et autres documents. Certains membres sont en outre suspectés d’avoir également trompés les femmes pour qu’elles procèdent à des transferts d’embryons.
Les femmes victimes d’exploitation par le réseau étaient originaires des pays d’Europe de l’est (Roumanie, Bulgarie, Ukraine, Moldavie et Géorgie) et en difficulté financière. Elles étaient repérées par les membres du groupe qui profitaient de leur vulnérabilité et de leur situation financière pour les recruter et les convaincre de donner leurs embryons et/ou de devenir mère porteuse. Elles étaient ensuite placées (de force pour certaines) et gardées sous surveillance dans une des 14 maisons du réseau criminel jusqu’à la fin de leur grossesse, afin de ne pas éveiller de soupçons. Depuis le début de l’enquête en décembre dernier, 182 femmes ont été victimes du groupe, dont 82 en tant que mères porteuses. Parmi celles-ci, 30 ont été retrouvées dans ces maisons, dans de mauvaises conditions de vie.
Suite au scandale qui a éclaté dans le pays, le ministre de la Santé, Michalis Chrysochoidis, a renvoyé le président de l’Autorité nationale pour la reproduction assistée, dont le rôle est de superviser les centres de procréation assistée en Grèce. Le pays a redoublé d’efforts ces dernières années dans la lutte contre le trafic d’êtres humains. La Grèce est un des quelques pays à réguler la gestation pour autrui (GPA), et a adopté un corpus législatif sur le sujet depuis 2002, notamment pour mieux encadrer le tourisme reproductif. Selon l’article 1458 du Code Civil, la GPA n’est autorisée que si elle est partielle (la mère porteuse a une fonction purement gestationnelle) et altruiste (le montant perçu par la mère porteuse est limité à 10 000€). De plus, l’article prévoit l’obligation pour la femme commanditaire d’obtenir l’accord d’un tribunal avant l’insémination. Enfin, la GPA est réservée aux femmes (célibataires ou en couple). Aucune de ces restrictions n’a été respectée par le réseau criminel.
BNN, « Baby-Trafficking Ring Exposed on the Greek Island of Crete », août 2023.
Nos Kosmos, « Major human trafficking and baby adoption ring dismantled in Chania, Greece », 14 août 2023.
CIAMS, « Grèce », mis à jour en 2022.
FRANCE
Un site de rencontres pour ados infiltré par des prédateurs sexuels.
Depuis le week-end dernier, le site de rencontres pour adolescents Rencontre Ados fait scandale. En favorisant des rencontres entre jeunes de 13 à 25 ans, il serait un repaire pour les prédateurs sexuels, dont les jeunes filles sont les premières victimes.
Le site Rencontres Ados, fondé en 2006, se décrit comme « le numéro 1 des sites de rencontres pour ados et jeunes adultes », et permet aux jeunes de faire des rencontres amicales ou amoureuses en ligne. L’amplitude d’âge (entre 13 et 25 ans) peut alarmer. Ce week-end, plusieurs internautes sur X (anciennement Twitter) ont posté des captures d’écran de leurs conversations sur le site, dans lesquelles des hommes majeurs envoient des messages explicites à des filles mineures, lançant immédiatement une polémique.
Par la suite, plusieurs médias se sont créés des comptes sous des pseudonymes afin de démontrer l’absence de modération du site, qui laisse la porte ouverte aux prédateurs sexuels, auxquels sont particulièrement vulnérables les mineures sur l’application. FranceInfo a ainsi créé un faux profil d’une fille de 13 ans, qui a rapidement été sollicitée par des hommes plus âgés. De nombreux journaux et internautes se sont prêtés au jeu et le résultat est chaque fois le même : lorsque l’on est une jeune fille, les messages explicites, les sollicitations d’ordre sexuel et les demandes de photos dénudées affluent. D’ailleurs, sur la page d’accueil de Rencontres Ados, les profils des adolescents populaires du site sont en majorité des filles mineures…
Dans ces situations, l’amplitude d’âge est problématique : la loi de 2021 visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste qualifie automatiquement de viol toute relation sexuelle entre une personne majeure et une personne de moins de 15 ans (lorsque l’écart d’âge est d’au moins cinq ans), dans la mesure où la personne mineure est considérée comme incapable de donner son consentement. Le règlement du site recommande aux parents de surveiller leurs enfants, mais il est très difficile de vérifier cela. De plus, il n’y a quasiment aucune modération sur Rencontres Ados qui permettrait de repérer des prédateurs sexuels. En effet, seuls trois modérateurs se chargent des quelques 300 000 utilisateur·ices.
Face à la polémique grandissante, Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l’Enfance, a dénoncé ces comportements en expliquant toutefois qu’il n’était pas envisageable de fermer le site puisque les adolescents en trouveraient d’autres. Le gouvernement a également rappelé la nouvelle loi du 7 juillet 2023, qui vise à instaurer une majorité numérique à 15 ans et à lutter contre la haine en ligne. Le texte précise que les enfants et adolescents de moins de 15 ans ne pourront s’inscrire sur les réseaux sociaux qu’avec une autorisation parentale. Les plateformes devront mettre en place des solutions pour vérifier l’âge de leurs utilisateur·ices, sous peine d’être exposés à une amende. Cependant, le décret d’application de la loi n’est pas encore publié. De son côté, Google a pris la décision, ce jeudi 24 août, de supprimer Rencontres Ados de son magasin d’applications.
Femme Actuelle, « Site de rencontres pour les 13-25 ans : cette inquiétante plateforme qui semble être le repaire de prédateurs sexuels », 21 août 2023.
FranceInfo, « »Recherche nudes », « Ça te dit un snap coquin ? » : le site « Rencontre ados » destiné aux 13-25 ans infiltré par des prédateurs sexuels », 22 août 2023.
Vie publique, « Loi du 7 juillet 2023 visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne », 10 juillet 2023.
La joueuse de football brésilienne participait cet été à sa sixième et dernière Coupe du Monde. Elle a influencé une génération de jeunes filles, tant sur le terrain qu’en dehors.
Marta, de son nom complet Marta Vieira Da Silva, l’iconique numéro 10 de la sélection brésilienne féminine des Canarinhas, a disputé cet été sa dernière Coupe du Monde aux côtés de son équipe. La défaite amère des brésiliennes au premier tour de la compétition n’enlève rien au statut de légende que la joueuse de 37 ans a acquis au cours des années.
L’attaquante brésilienne est désignée à la quasi-unanimité comme la meilleure joueuse de tous les temps. Les chiffres ne peuvent que confirmer ce statut : Marta détient le record absolu (hommes et femmes confondus) de meilleure buteuse de l’histoire de la Coupe du Monde (17 buts) et de la sélection brésilienne (115 buts). Elle a également été sacrée six fois meilleure footballeuse de l’année par la FIFA, un record qu’aucune joueuse -ni aucun joueur- n’a su égaler.
Marta a pourtant commencé à jouer au football en secret, avec des garçons. Un héritage du passé dans ce pays où il était illégal pour les femmes de jouer au foot entre 1941 et 1979. Elle a finalement été repérée à l’âge de 14 ans. Au long de sa carrière, la Brésilienne a évolué au sein de la Seleçao nationale, et en club en Suède et aux Etats-Unis, où elle joue encore aujourd’hui au Pride d’Orlando.
Si Marta est considérée comme une icône du foot et un role model au Brésil et à l’international, c’est également pour ses performances en dehors du terrain. En effet, la joueuse s’est servi de sa notoriété pour contribuer à créer de meilleures conditions pour les joueuses de football dans tout le pays. Son statut de meilleure joueuse du monde a aussi poussé le Brésil à investir davantage dans le football féminin, jusque-là délaissé, tant au niveau de l’équipe brésilienne qu’à celui de la ligue nationale. Marta est de plus devenue ambassadrice pour les femmes dans le sport à l’ONU en 2018.
Courrier International, « Les adieux émus de la “Reine” Marta, celle qui “a transformé le football mondial » », 3 août 2023.
Ouest France, « Coupe du monde 2023. Marta, légende du football, en quête de son premier titre mondial avec le Brésil », 24 juillet 2023.
Livre – Kim Jiyoung, née en 1982 de Cho Nam-joo
Le roman féministe, qui retrace la vie d’une femme ordinaire en Corée du Sud, a fait polémique à sa sortie en 2016, en plein mouvement #MeToo. Fort de son succès, il a été publié en France en 2020.
En donnant à sa protagoniste le prénom de Jiyoung, le plus donné dans le pays en 1982, l’autrice Cho Nam-joo raconte une histoire universelle, celle de toutes les femmes de Corée du Sud. Le livre suit Jiyoung tout au long de sa vie, au cours de laquelle elle est confrontée aux inégalités dont sont victimes les femmes. De son enfance à l’âge adulte, à l’école, à l’université, dans ses relations familiales et amoureuses, ou encore dans le monde du travail, un seul élément reste permanent : le patriarcat.
Le roman allie réflexions de la jeune femme sur les injustices dont elle est victime, et statistiques et faits sur la situation des femmes en Corée du Sud. L’autrice explique par exemple que, jusqu’à la fin des années 1980, l’avortement des fœtus filles était pratiqué de façon massive, car les couples préféraient avoir des garçons.
Lors de sa sortie en 2016, en plein mouvement #MeToo, le roman de l’autrice sud-coréenne Cho Nam-joo se convertit rapidement en best-seller et se vend à 1 million d’exemplaires. Mais il est également fortement critiqué pour ses propos féministes, dans une société encore très conservatrice (le classement 2022 du Forum économique mondial situe la Corée du Sud à la 99ème place en matière d’inégalités femmes-hommes…) A sa sortie, un groupe de masculinistes avait lancé une campagne de financement dans le but de publier une parodie du roman, pour parler du « sexisme inversé subi par les hommes sud-coréens ».
Ces dernières années, Kim Jiyoung, née en 1982 a connu un grand succès à l’international. Comme l’explique le résumé en quatrième de couverture, « Ji Young est bien plus que le miroir de la condition féminine en Corée – elle est le miroir de la condition féminine tout court ».