La loi relative à la protection des mineur·es des violences sexuelles validée par le Conseil constitutionnel.
Vendredi 21 juillet, le Conseil constitutionnel, saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), a confirmé la validité de la loi du 21 avril 2021.
Adopté à l’unanimité par le Parlement français en 2021 dans un contexte de scandales médiatisés d’inceste et de violences sexuelles autour du #MeTooInceste, le texte représente une avancée sociétale forte dans la protection des mineur·es victimes de violences sexuelles. La loi criminalise les relations sexuelles entre adultes et mineur·es, y compris les relations incestueuses, grâce à trois mesures clés. Le texte fixe ainsi un nouveau seuil de consentement à quinze ans, et dix-huit ans en cas d’inceste. Il crée également un nouveau crime de viol : tout acte bucco-génital ou de pénétration sexuelle commis par un·e majeur·e sur un·e mineur·e de moins de quinze ans (avec un écart d’âge de cinq ans) est automatiquement considéré comme un viol. L’élement de violence, contrainte, menace ou surprise n’est pas applicable contrairement à la définition légale habituelle du viol, puisque la question du consentement ne se pose pas avant quinze ans. Le texte prévoit enfin des peines plus lourdes : le viol commis par un·e adulte sur un·e mineur·e est puni de vingt ans de réclusion criminelle, et le délit d’agression sexuelle de dix ans.
Le 4 juillet, les avocats Louis Heloun et Antoine Ory avaient saisi le Conseil Constitutionnel en remettant en cause la constitutionnalité de plusieurs principes de la loi, à l’instar de la présomption d’innocence ou de la proportionnalité des peines. Cette QPC a suscité de vives réactions dans les milieux féministes. De nombreuses personnalités et associations, dont la CLEF, ont signé une pétition de la Fondation des Femmes dénonçant « le risque de deux graves reculs à venir » en matière de protection des mineur·es contre les violences sexuelles.
Les “Sages” ont finalement estimé que la loi de 2021 ne portait pas atteinte au principe de présomption d’innocence, puisque les dispositions du texte qualifient la gravité des actes, mais n’instituent aucune présomption de culpabilité. Autrement dit, la charge de la preuve revient toujours à l’accusation. Le Conseil a également confirmé la validité du texte concernant la proportionnalité des peines, en confirmant son objectif de réprimer les délits et crimes sexuels même lorsqu’ils sont commis sans violence, contrainte, menace ou surprise.
Cette décision du Conseil Constitutionnel, qui vient mettre un terme à deux années de débat autour de la loi de 2021, a été saluée par de nombreuses associations. Le coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE), le juge Edouard Durand, a qualifié cette décision d’ “historique”. Néanmoins, le combat contre les violences sexuelles faites aux enfants est loin d’être terminé. La CIIVISE, qui avait été créée en 2021 dans le même contexte que la loi, est en effet vouée à disparaître en décembre. Un collectif d’organisations féministes, dont la CLEF, s’est mobilisé pour demander la pérennisation de cette commission, outil essentiel dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux mineur·es. Il est estimé que 160 000 enfants sont encore victimes de violences sexuelles chaque année en France.
Une vidéo révélatrice des violences sexuelles au sein du conflit du Manipur.
Dans l’État de Manipur, secoué par un conflit interethnique, une vidéo d’une agression de deux femmes de la communauté Kuki provoque une vague d’indignation dans le pays… et de solidarité entre les femmes d’Inde, quitte à rendre justice elles-mêmes.
La vidéo, datée du 4 mai 2023, n’est devenue virale que la semaine dernière, Internet ayant été coupé dans la région de Manipur ces deux derniers mois suite aux violents affrontements entre Meiteis et Kukis. Les images, difficilement soutenables, montrent deux femmes kukies emmenées de force par des hommes meiteis, déshabillées, humiliées, molestées et agressées. L’une d’elle sera violée hors caméra. Tout ça, sous les yeux de la police, inactive.
Le partage de la vidéo sur les réseaux sociaux a provoqué une vague de mobilisation de femmes indignées, tout autour du pays. De nombreuses manifestations ont été organisées, à New Delhi et ailleurs. Dans l’État du Manipur, des femmes se sont aussi mobilisées pour réclamer la démission du chef du gouvernement face à son inaction. La solidarité entre femmes a dépassé les clivages ethniques et des femmes meiteis ont incendié les maisons d’hommes de leur communauté, accusés d’avoir participé à l’agression des deux victimes.
L’ampleur des mobilisations est telle que le Premier ministre, Narendra Modi, a été contraint de s’exprimer pour la première fois sur les affrontements interethniques qui déchirent le Manipur depuis plusieurs mois. Le 20 juillet, il a qualifié la vidéo de “honte” pour “toute la nation indienne”. Le même jour, les forces de l’ordre sont enfin intervenues et ont arrêté quatre suspects de la vidéo, alors qu’une plainte avait été déposée depuis deux mois par le mari d’une des victimes. La vague de mobilisation a également mis en lumière de nombreux crimes commis dans une impunité totale depuis le début des affrontements dans la région, notamment des viols. De nombreux cas de violences sexuelles commises par des hommes Meitei et des milices contre des femmes Kuki ont été signalés, et plusieurs éléments indiquent que les violences sexuelles sont très répandues dans le cadre du conflit ethnique.
Les femmes des communautés Meitei et Kuki sont connues pour leur action pacifique. Traditionnellement habituées à s’engager contre diverses problèmes sociétaux, elles ont développé un arsenal d’outils non-violents au fil des années. Elles n’hésitent pas à utiliser leur genre comme “bouclier” pour dissuader l’usage de la force, sachant que la police n’utilise pas la même force pour les femmes que les hommes. Récemment, des femmes kukies ont formé une chaîne humaine afin de protéger des personnes meiteis d’agitateurs dans la foule. De la même façon, en juin, l’armée a relâché douze membres de la milice meitei après avoir été encerclés par 1500 femmes.
Le GIEC, critiqué pour son manque de parité, manque l’occasion d’élire sa première femme présidente.
Ce mercredi 26 juillet, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’est réuni pour élire son nouveau chef, dans une élection historique (deux des quatre candidat·es étaient des femmes !). L’élection du Britannique Jim Skea reflète la faible progression de la parité dans les instances décisionnelles des sciences climatiques.
Les 195 Etats membres du GIEC, la plus haute autorité en matière de changement climatique, ont choisi Jim Skea pour succéder à l’ancien patron de l’institution, Lee Hoesung. Lors du second tour, le britannique l’a emporté avec 57% des voix face à sa concurrente, la Brésilienne Thelma Krug. Jim Skea sera chargé de la direction des travaux des centaines de scientifiques de l’institution pour les sept prochaines années, travaux qui s’avèrent être absolument cruciaux en matière d’action climatique, alors que la planète est à un moment charnière.
Bien que l’élection du Britannique ne change pas la longue liste des chefs uniquement masculins depuis la création du GIEC en 1988, l’élection était tout de même historique. En effet, pour la première fois, deux femmes, soit la moitié des candidat·es, se présentaient à l’élection. Lors du premier tour, une des deux candidates était la Sud-Africaine Debra Roberts. Biogéographe spécialisée dans les questions d’urbanisation, elle est l’actuelle vice-présidente du groupe de travail n°2 du GIEC, consacré à l’évaluation des effets du changement climatique sur les sociétés et les écosystèmes. La dernière candidate en lice était la Brésilienne Thelma Krug. Ancienne chercheuse à l’Institut national de recherche spatiale au Brésil, la mathématicienne est l’actuelle vice-présidente du GIEC. Les Etats membres n’ont cependant pas donné raison à Debra Roberts qui expliquait que “Elire une femme pour la première fois serait un message fort envoyé à toutes les scientifiques. Parce que dans ce domaine, l’équilibre n’y est pas”.
En effet, l’élection d’un homme à la tête de la plus haute instance mondiale en matière de climat n’est que le reflet de la faible présence des femmes dans les sciences climatiques, et particulièrement au sein des instances de décision liées au climat. Ce constat est d’autant plus inégal qu’il est paradoxal, quand on sait que les femmes et filles sont les premières victimes du changement climatique. Selon les Nations Unies, environ 80% des personnes déplacées dans le monde en raison du changement climatique sont des femmes. D’après une étude néerlandaise, les femmes ont également davantage de chances de mourir lors des canicules. Le GIEC reconnaît lui-même dans son dernier rapport que les solutions les plus efficaces face au changement climatique sont celles qui incluent les femmes.
Néanmoins, en dépit du fait que l’égalité entre les femmes et les hommes est loin d’être atteinte dans le domaine du climat, des progrès sont à relever. Bien qu’aucune femme n’ait été nommée à la tête de l’institution depuis sa création il y an 35 ans, la féminisation du GIEC progresse petit à petit, notamment au sein des comités de rédactions scientifiques. En effet, la proportion des autrices a atteint un record de 33% dans le dernier rapport du GIEC, publié en mars dernier. A titre de comparaison, la part des autrices dans le premier rapport était de 8%. Ces progrès sont notamment dus à la création d’un plan visant à améliorer l’égalité femmes-hommes au sein de toutes les instances du GIEC. Les actions implémentées sont supervisées par une équipe (Gender Action Team), présidée par l’Américaine Ko Barrett.
L’élection de Jim Skea, enseignant en énergies durables à l’Imperial College de Londres et ancien vice-président du groupe de travail du GIEC consacré à l’étude de l’évolution du climat, est révélatrice de la lente progression de la parité dans les instances de décision liées au climat. Cependant, le Britannique a promis d’œuvrer à promouvoir la participation des femmes scientifiques à tous les niveaux. Il a d’ailleurs donné comme une des priorités de sa présidence l’amélioration de l’inclusion et de la diversité dans les rapports du GIEC. Désormais, il faudra attendre 2030 pour espérer voir, peut-être, une femme prendre la relève.
Suite à une décision de justice de juin 2023, des couples de mères lesbiennes reçoivent actuellement des lettres les informant que la mère non biologique des enfants perdra son autorité parentale légale et donc son statut de tutrice légale.
Dans une décision qui a choqué l’Italie et l’Europe, la procureure de Padoue a demandé au parquet de la région vénitienne de modifier les certificats de naissance des enfants de couples lesbiens, afin de faire retirer le nom de la mère non biologique. Le nom de famille des enfants concernés pourra également être modifié pour ne garder que le nom de la mère biologique. Ce changement concerne 27 couples lesbiens et 33 enfants.
Cette décision représente un véritable recul pour les droits des femmes lesbiennes, et des mères et des femmes en général. La disparition du nom de la deuxième mère du certificat de naissance porte de lourdes conséquences. La mère non biologique, qui ne sera désormais plus considérée comme tutrice légale de ses enfants, ne pourra plus signer des documents officiels, partir en voyage avec ses enfants ou aller les chercher à l’école sans autorisation de l’autre mère. Puisqu’elles perdront leur autorité parentale légale, elles ne pourront récupérer la garde des enfants en cas de divorce. Même scénario sordide en cas de décès de la mère biologique : les enfants pourront être considérés comme orphelins et pupilles de la nation.
La décision de la procureure est révélatrice de la politique de discrimination envers les familles de la communauté LGBT+ que mène le gouvernement de Giorgia Meloni depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022. La ministre de la Famille, Eugenia Roccella, a déclaré que la seule alternative possible pour les familles homoparentales serait l’adoption, sachant que celle-ci est interdite aux couples LGBT+ dans le pays. La deuxième mère devrait donc adopter l’enfant de sa conjointe, dans une procédure compliquée qui prend plusieurs années, et qui ne protège pas suffisamment les droits de l’enfant.
Le cas de Padoue fait également craindre une propagation de ces décisions dans tout le pays. Déjà en mars dernier, le Ministère de l’Intérieur italien avait demandé au maire de Milan de ne pas enregistrer les naissances d’enfants dans les familles homoparentales. En avril, dans la ville de Bergame, un tribunal avait fait retirer le nom de la mère non biologique du certificat de naissance de sa fille.
Face à cette nouvelle attaque contre les droits des femmes lesbiennes, des centaines de femmes se sont mobilisées en Italie en organisant un sit-in devant le palais de justice de Padoue. De nombreuses associations défendant les droits des femmes et des LGBT+ se rassemblent aussi autour de l’Europe, dans des manifestations ou sur les réseaux sociaux autour du hashtag #LesbiansAreMothersToo (les lesbiennes sont aussi des mères).
L’amirale est en passe de devenir la première femme à diriger la Marine américaine, a annoncé la Maison Blanche ce vendredi 21 juillet.
Le président Joe Biden a officiellement nommé Lisa Franchetti cheffe de la Marine américaine (Navy), le plus haut poste au sein de l’institution militaire. L’amirale Franchetti est actuellement la vice-cheffe des opérations navales.
En prenant la tête de la Marine, Lisa Franchetti bat plusieurs records : première femme à diriger la Marine, ainsi que première femme à siéger à l’état-major interarmées, la plus haute institution militaire des Etats-Unis. Elle était déjà la deuxième femme (seulement…) à avoir été promue amirale quatre étoiles au sein de la Marine.
Le président a justifié sa nomination en mettant en avant ses 38 années d’expérience, notamment en tant que commandante des forces de la Marine en Corée du Sud, ainsi que son expertise dans les champs opérationnel et politique.
La nomination de Lisa Franchetti doit maintenant être confirmée par le Sénat, ce qui s’annonce plus difficile que prévu. En effet, plusieurs dizaines de nominations de responsables militaires et diplomatiques sont actuellement en pause à cause de blocages de sénateurs républicains. Le sénateur Tommy Tuberville a justifié son blocage par son opposition à une politique du Pentagone d’aide financière visant à soutenir les militaires devant voyager pour avorter…
(Attention spoiler alert !)
Impossible d’avoir échappé à la promotion mirobolante du film Barbie, inspiré de la poupée iconique de notre enfance. Mais le film est-il à la hauteur des promesses de cette campagne promotionnelle ? Sur les affiches du film, et tous les produits dérivés de la stratégie marketing, tout est rose. Aussi rose qu’à Barbieland, le pays des Barbies, véritable utopie pailletée où les femmes passent leur vie à s’amuser, occupent tous les postes de pouvoir, ont confiance en elles, et où les hommes (les Kens) sont relégués au rang d’accessoire, loin de l’intérêt des Barbies.
Jusqu’au jour où Barbie (interprétée par Margot Robbie) et Ken (Ryan Gosling) se rendent dans le monde réel, synonyme de désillusions pour la poupée. Barbie se retrouve dans un monde imprégné par le sexisme, confrontée aux regards désobligeant des hommes et aux critiques des jeunes filles qui l’associent à des standards de beauté toxiques et arriérés. Ken, au contraire, vit une meilleure expérience en découvrant le système patriarcal, qu’il tente même d’importer dans son monde. Barbieland devient alors Kendom, et les Barbies se retrouvent au service des Kens dominants…
Parmi les scènes notoires, le monologue du personnage de Gloria (interprétée par America Ferrera) sur les difficultés d’être une femme marque les esprits. Elle dénonce avec justesse les attentes paradoxales et asphyxiantes qu’imposent les normes sociétales aux filles et aux femmes : il faut être mince mais pas trop, se faire belle pour les hommes sans en faire trop, avoir une bonne carrière mais s’occuper des autres, être une bonne mère mais ne pas parler tout le temps de ses enfants…
Greta Gerwig, la réalisatrice, propose donc un long-métrage au message féministe clairement assumé, qui en devient la trame principale. Bien qu’on puisse critiquer cela dans les deux sens (trop misandre pour certains, il affiche un féminisme trop peu développé dans ses complexités pour d’autres), il ne faut pas oublier que l’œuvre est destinée à une audience mainstream… Barbie est enfin un hymne à la sororité et une déclaration d’amour aux femmes qui nous entourent. Le tout ponctué de décors colorés (surtout roses), de chorégraphies hautes en couleur et de beaucoup d’humour. Le pari est réussi pour Gerta Gerwig, au moins du côté financier : Barbie a signé le meilleur démarrage de l’histoire pour un film réalisé par une femme !