Communiqué de Presse sur la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

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Communiqué de Presse sur la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

womens rights

Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes 

Paris, le 28 novembre 2019

A l’occasion du 25 novembre, Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, des manifestations de grande ampleur ont eu lieu partout dans le monde, de l'Italie à la Belgique, de l'Espagne à la Turquie, de la Russie à l'Amérique latine, pour rappeler que sur notre planète 87000 femmes ont été tuées par des proches en 2017, selon l'ONU.

En France, au lendemain du 138ème féminicide depuis le 1er janvier 2019, il est grand temps d’agir. Selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes, au moins 220 000 femmes majeures sont victimes de violences au sein du couple chaque année. Un rapport de l’Inspection Générale de la Justice, fait état de 65% de cas d’homicides ou de violences conjugales où la gendarmerie ou la police avaient été saisies avant le drame.

Le samedi 23 novembre, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé sur tout le territoire national (dont 49 000 à Paris) en soutien aux familles de victimes, pour exprimer leur mécontentement et inciter le gouvernement à prendre des mesures fortes et impactantes. Des milliers de personnes ont également défilé dans d’autres grandes villes de l'Hexagone. Le collectif #NousToutes, qui a appelé à marcher, a salué “la plus grande marche de l’histoire de France contre les violences” sexistes et sexuelles. De nombreuses associations et personnalités sont descendues dans les rues pour dénoncer l’inaction de l’Etat. Cette mobilisation exceptionnelle a trouvé un écho particulier sur les réseaux sociaux, mais également dans les médias, qui ont relayé les attentes des différentes associations luttant contre les violences faites aux femmes ainsi que leur appel à agir concrètement.

Peut-on pour autant parler d’un réel succès, alors que le gouvernement clôt aujourd’hui le Grenelle contre les violences conjugales ?

Le Premier ministre a lancé le 3 septembre 2019 le Grenelle contre les violences conjugales face à la colère des associations et le nombre croissant de féminicides (138 à ce jour pour l’année 2019, contre 121 en 2018). A cette occasion, il avait dès lors annoncé 10 mesures d'urgence pour mieux protéger les victimes, prévenir les violences et punir leurs auteurs.

Aujourd’hui, lors de la conférence de presse de clôture de ce Grenelle, d’autres mesures ont été annoncées par le premier ministre, selon trois axes majeurs : la violence dès le plus jeune âge, garantir le plus haut niveau de protection aux victimes et à leurs enfants, suivi et prise en charge des violences des auteurs de ces violences.

Parmi cette cinquantaine de mesures, le gouvernement a notamment proposé la suspension de l’autorité parentale des pères violents, l’instauration d’une formation obligatoire sur l’égalité entre les filles et les garçons à destination des enseignants de l’éducation nationale, la création de deux centres de prise en charge psychologique des hommes auteurs de violences, la création de 1 000 nouvelles places d’hébergement et de logements d’urgence pour les femmes et enfants victimes de violences conjugales, la création de 80 postes en plus dans les commissariats d’ici 2021 pour accueillir les victimes de violences, et le renforcement du numéro 3919, plateforme d’appel gratuite et anonyme qui fonctionnera désormais tous les jours, 24h/24. Edouard Philippe souhaite également offrir la possibilité de levée du secret médical par les professionnels, en cas de danger de mort.

Si on ne peut que saluer ces mesures qui vont dans le bon sens, les associations déplorent que le budget soit beaucoup trop limité pour répondre aux besoins des victimes de violences.

En effet, alors que les chiffres des violences ne cessent d’augmenter, le budget prévu pour 2020 est presque le même que celui de 2019. Donc très insuffisant.

De plus, les associations s'inquiètent de la lenteur de la mise en place de ces mesures, certaines étant prévues pour 2021. Quid alors des féminicides au rythme d’un tous les 2 ou 3 jours jusqu’à 2021 ?

La CLEF est solidaire des associations luttant contre toutes les formes de violences faites aux femmes, sexuelles, sexistes et conjugales, et appelle le gouvernement français à allouer plus de ressources et de moyens à la lutte contre ces violences et à la mise en place de nouvelles mesures, fortes et concrètes.