Revue de presse féministe & internationale du 2 au 8 mars

Revue de presse féministe & internationale du 24 février au 1er mars
1 mars 2024
Revue de presse féministe & internationale du 9 au 15 mars
15 mars 2024

Revue de presse féministe & internationale du 2 au 8 mars


FRANCE

L’IVG constitutionnalisĂ©e.

Lundi 4 mars Ă  18h30, le CongrĂšs a votĂ© : la France est officiellement le premier pays du monde Ă  faire du droit des femmes un droit fondamental en inscrivant l’IVG dans le texte juridique le plus Ă©levĂ© dans la hiĂ©rarchie des normes, la Constitution.

Nous avons beaucoup entendu que l’entrĂ©e de l’IVG dans la Constitution, dans les conditions qui ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©es en grande partie par le SĂ©nat, n’aurait qu’une valeur symbolique, sans vĂ©ritable impact sur le rĂ©el. Certes, la fermeture des espaces de soins, la rĂ©duction des moyens financiers, l’impossibilitĂ© pour les sages-femmes d’effectuer des IVG instrumentales, ne sont que des entraves Ă  la pratique de l’avortement et des freins aux droits des femmes Ă  disposer de leur corps. Certes, le projet de loi initialement proposĂ© par les dĂ©putĂ©s France Insoumise dĂ©fendait un « droit » Ă  l’avortement et non seulement une « libertĂ© », telle qu’ont prĂ©fĂ©rĂ© l’inscrire les sĂ©nateur.rices.

Pourtant, cette victoire est entiĂšre. Elle est l’aboutissement, la consĂ©cration du combat des femmes Ă  pouvoir disposer d’elles-mĂȘmes, de ce combat qui avait commencĂ© au lendemain de l’adoption du droit Ă  l’IVG, le 17 janvier 1975 aprĂšs le discours de Simone de Veil Ă  l’AssemblĂ©e nationale.

Dans un premier temps, il ne faudrait pas considĂ©rer qu’il s’agit lĂ  uniquement de l’adoption d’un symbole, d’une fioriture ornementale sans impact concret sur le rĂ©el. En effet, le matin mĂȘme du 4 mars, juste avant le CongrĂšs Ă  Versailles, Aurore BergĂ©, Ministre dĂ©lĂ©guĂ©e chargĂ©e de l’EgalitĂ© entre les hommes et les femmes et de la Lutte contre les discriminations, a dĂ©clarĂ© que le dĂ©cret autorisant la pratique des IVG instrumentales par les sages-femmes, – actuellement trop restrictif pour permettre de vĂ©ritablement libĂ©raliser l’avortement, sera revu et assoupli. L’inscription de l’IVG dans la Constitution a des consĂ©quences concrĂštes, et d’une certaine façon elle engage et oblige l’Etat et ses institutions.

Dans un deuxiĂšme temps, il nous semble important de revenir sur la charge symbolique de cette inscription. En effet, les discours sceptiques affirmant que cette rĂ©forme constitutionnelle n’est qu’un symbole qui ne rĂ©sout en rien les problĂšmes d’accĂšs Ă  l’IVG et dont s’empare dĂ©jĂ  le gouvernement qui se gargarise de la communication et du fĂ©minisme washing qu’il va pouvoir en tirer, oublient nĂ©anmoins l’importance et la portĂ©e sociale du symbolique en tant que tel. Nous nous accordons sur l’instrumentalisation politique de cette rĂ©forme constitutionnelle qui masque un dĂ©sintĂ©rĂȘt Ă  peine dissimulĂ© pour la cause des femmes – puisque, rappelons-le, en mĂȘme temps que le gouvernement fait inscrire l’IVG dans la Constitution, il coupe 7 millions d’euros du budget du MinistĂšre de l’EgalitĂ©, soit 10% de son budget annuel.

NĂ©anmoins, il ne faudrait pas occulter la force du symbole et de la symbolique. Le symbole n’est pas hermĂ©tiquement extĂ©rieur au monde et sans prise sur le rĂ©el, au contraire, non seulement il lui est intimement liĂ© de fait, mais en plus il le conditionne. L’ordre social repose sur des symboles, sur des hiĂ©rarchies Ă©tablies de longue date, et c’est contre cet ordre que luttent les fĂ©ministes. Or, pour lutter, il faut substituer Ă  cet ordre aux symboles patriarcaux, d’autres symboles de tolĂ©rance, d’humanitĂ© et d’égalitĂ© qui sont les maĂźtres mots du fĂ©minisme. Le combat fĂ©ministe se mĂšne aussi dans la sphĂšre symbolique.

La victoire n’est pas seulement d’avoir inscrit le terme IVG noir sur blanc dans la Constitution, ni seulement qu’elle en garantisse dĂ©sormais la libertĂ©, la vĂ©ritable victoire est celle du triomphe des valeurs fĂ©ministes et de leur infusion dans toute la sociĂ©tĂ©. Et ce triomphe est le rĂ©sultat de la pression exercĂ©e par les associations fĂ©ministes, et par l’ensemble de la sociĂ©tĂ©, sur une institution traditionnellement conservatrice et, dans un premier temps, opposĂ©e fermement Ă  la rĂ©forme constitutionnelle. La vĂ©ritable victoire c’est que les revendications des fĂ©ministes pour les droits des femmes se soient diffusĂ©es aussi largement et aient convaincu toute la sociĂ©tĂ©, qui Ă©tait favorable Ă  81% Ă  l’inscription de l’IVG dans la Constitution (sondage IFOP) ! La vĂ©ritable victoire est que les mobilisations et le travail acharnĂ© des fĂ©ministes ait eu un tel Ă©chos, un tel retentissement que la Constitution, c’est-Ă -dire le texte non seulement le plus sacrĂ© en termes de symbole, mais Ă©galement le plus haut dans la hiĂ©rarchie des normes, en soit modifiĂ© pour accueillir en son sein le droit des femmes Ă  disposer de leur corps, soit l’égalitĂ© entre les sexes.

Inscrire l’IVG dans la Constitution c’est consacrer le droit des femmes à disposer de leur corps comme un droit fondamental. Ce n’est pas une victoire symbolique, c’est la victoire des symboles.

Et grĂące aux mobilisations citoyennes fĂ©ministes, partout en Europe, nous allons faire du droit Ă  l’avortement un droit europĂ©en, pour que toutes les femmes qui souffrent aujourd’hui en Pologne, en Hongrie, en Italie puissent y avoir recours.

 

 


 

ÉTATS-UNIS

DignifAI, l’intelligence artificielle qui habille les femmes sur internet.

Le logiciel DignifAI est la derniĂšre invention des masculinistes et des conservateurs aux valeurs rĂ©actionnaires. Les femmes s’exposant sur les rĂ©seaux sociaux ne seraient plus « dignes », et les internautes les rhabillent donc avec un discours mĂȘlant indignation, instrumentalisation et sexualisation.

On a beaucoup vu ces derniers temps l’utilisation massive d’intelligences artificielles dĂ©shabillant les femmes sur internet pour crĂ©er de fausses images pornographiques. De nombreuses femmes publiques en ont Ă©tĂ© victimes, nous en avons parlĂ© prĂ©cĂ©demment, qu’il s’agisse de Taylor Swift, d’Emma Watson ou de femmes politiques. DĂ©shabiller virtuellement des femmes sans leur consentement porte atteinte Ă  leur intĂ©gritĂ© et Ă  leur droit Ă  l’image, il s’agit d’un phĂ©nomĂšne patriarcal humiliant et rabaissant et contre lequel il faut lutter fermement en mettant en place une juridiction sĂ©vĂšre sur le sujet, pour l’instant inexistante.

Aujourd’hui, sur le mĂȘme schĂ©ma, une autre tendance a vu le jour : celle, grĂące aux intelligences artificielles, d’habiller les images de femmes sur internet. C’est le phĂ©nomĂšne DignifAI. Le site internet permet de gĂ©nĂ©rer des images et de modifier des images existantes en ajoutant un vĂȘtement ou en le modifiant. Alors, pourquoi ça pose problĂšme puisqu’il ne s’agit pas de produire du contenu pornographique comme dans le cas contraire, ni d’humilier ou de rabaisser les femmes ? Et bien enfaite si ! C’est toujours la consĂ©cration d’idĂ©aux masculinistes qui assimilent les femmes Ă  des objets.

C’est la mĂȘme logique patriarcale et paternaliste qui va habiller les femmes comme les hommes le veulent, sans laisser aux femmes la possibilitĂ© de dĂ©cider par elles-mĂȘmes. Si Taylor Swift choisit de ne pas s’exposer nue, c’est son choix Ă  elle, et si une femme choisit la nuditĂ©, comme c’est le cas pour Kristen Stewart en couverture de Rolling Stone magazine, pour moquer les codes de la fĂ©minitĂ© dans une ambiance punk et rock and roll, alors ce n’est pas Ă  DignifAI de l’habiller. L’actrice explique qu’elle voulait justement une photo hypersexualisĂ©e jouant avec les codes de genre.

Le but de cette pratique est de rendre « dignes » les femmes qui « s’exposent » sur les rĂ©seaux sociaux d’une maniĂšre qui ne convient pas aux puritains conservateurs amĂ©ricains. C’est extrĂȘmement infantilisant, paternaliste et humiliant car c’est concrĂštement ne pas laisser aux femmes la possibilitĂ© de dĂ©cider pour elles-mĂȘmes, c’est les relayer Ă  un statut infĂ©rieur de personnes incapables de prendre des dĂ©cisions. Le but est ouvertement annoncĂ© : « purifier » les femmes de leurs tenues jugĂ©es trop sexuelles, de leurs tatouages et de leurs piercings. Ça revient Ă  faire des hommes, les seuls juges de la « dignitĂ© » des femmes.

En soit le message est clair bien que complĂštement antithĂ©tique : le vĂ©ritable danger pour les femmes c’est elles-mĂȘmes et leur capacitĂ© Ă  faire des choix, et c’est donc aux hommes de dĂ©cider pour elles afin de les sauver.

 

 

LibĂ©ration, « DignifAI, l’intelligence artificielle rĂ©ac qui rhabille les femmes jugĂ©es trop peu vĂȘtues », 23 fĂ©vrier 2024.

 

FRANCE

La prise en compte de la parentalitĂ© dans l’organisation des Jeux Olympiques.

Le 26 fĂ©vrier, le ComitĂ© National Olympique et Sportif Français (CNOSF) ainsi que le ComitĂ© Paralympique et Sportif Français (CPSF) ont publiĂ© conjointement un communiquĂ© de presse pour informer des modalitĂ©s prĂ©vues pour prendre en compte au mieux la parentalitĂ© des sportif·ves dans l’organisation des Jeux Olympiques. Il s’agit lĂ  d’un dispositif inĂ©dit.

Les rĂšgles sont dictĂ©es par le ComitĂ© International Olympique (CIO) et le ComitĂ© International Paralympique (CIP), mais malgrĂ© celles-ci les deux comitĂ©s nationaux français ont essayĂ© de mettre en place des mesures pour les athlĂštes parents. Une des premiĂšres rĂšgles Ă©tablit que ne peuvent rĂ©sider dans le village olympique que des athlĂštes ainsi que leur staff, ce qui rend impossible la prĂ©sence des enfants, mĂȘme s’ils·elles sont en bas Ăąges ou qu’ils·elles sont encore allaité·es.

Pour les athlĂštes qui allaitent, un espace dĂ©diĂ© a donc Ă©tĂ© Ă©tabli Ă  l’hĂŽtel Pleyel qui est situĂ© Ă  proximitĂ© du village olympique. Il y aura Ă©galement la possibilitĂ© pour les athlĂštes le souhaitant de rĂ©server des chambres afin de dormir avec leur enfant. Un espace de convivialitĂ© a Ă©galement Ă©tĂ© imaginĂ© afin de recevoir les parents et enfants des athlĂštes durant la journĂ©e. Ce dispositif sera ouvert pour toute la durĂ©e des Jeux.

Des exceptions additionnelles sont prĂ©vues pour les athlĂštes paralympiques. Ceux ayant des enfants de moins d’un an pourront profiter de deux guest pass par jour offrant un accĂšs au village jusqu’à 21h. Ceux ayant des enfants de moins de trois ans pourront ĂȘtre hĂ©bergĂ©s hors du village olympique s’ils dĂ©sirent rester avec leur enfant et qu’ils en formulent la demande en expliquant les besoins spĂ©cifiques de l’enfant (handicap, allaitement, 
). Les demandes seront Ă©tudiĂ©es au cas par cas.

Le communiquĂ© explique que « ces dispositifs sont une premiĂšre dans l’histoire de l’Équipe de France et ont pour vocation de perdurer pour les prochaines Ă©ditions des Jeux Olympiques et Paralympiques ».

Pourtant, ce dispositif plus humain et progressiste ne fait pas l’unanimitĂ©. La journaliste France Pierron sur le plateau de la chaĂźne l’Equipe a dĂ©clarĂ© qu’il s’agissait lĂ  d’un « caprice ». Elle explique que souhaiter ĂȘtre parent en tant qu’athlĂšte c’est devoir accepter de faire des sacrifices, que se sont aux sportif·ves de s’arranger et non aux comitĂ©s d’adapter les modalitĂ©s d’exercice de leur pratique.

Beaucoup d’athlĂštes, et notamment des femmes, ont rĂ©pondu Ă  France Pierron sur les rĂ©seaux sociaux. Certaines ont exprimĂ© leur incomprĂ©hension au regard de sa rĂ©action face Ă  l’évolution de la pratique sportive et de ses conditions d’exercice, se demandant pourquoi il Ă©tait attendu des femmes sportives qu’elles renoncent Ă  leur vie personnelle et qu’elles sacrifient leur vie de famille, voire qu’elles renoncent Ă  en avoir, pour le sport. Leur incomprĂ©hension est d’autant plus lĂ©gitime que les Ă©volutions et les amĂ©nagements sont minimes au regard de ce qu’ils permettent.

En effet, d’autres femmes athlĂštes ont soulignĂ© que ces amĂ©nagements Ă©taient bĂ©nĂ©fiques pour la pratique sportive elle-mĂȘme puisqu’ils permettaient aux femmes de continuer d’exercer et de ne pas quitter leur Ă©quipe en raison de l’incapacitĂ© de concilier les deux. Isabelle Yacoubou, basketteuse française tout juste retraitĂ©e, a mĂȘme rĂ©pondu sur X : « Ancienne internationale, si j’avais eu ces amĂ©nagements j’aurais peut-ĂȘtre continuer Ă  porter de maillot đŸ‡«đŸ‡· ».

 

 

 

Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), « Communiqué de presse », 26 février 2024.
Les Nouvelles News, « Jeux Olympiques : l’accueil des enfants des athlĂštes fait polĂ©mique », 29 fĂ©vrier 2024.

 

GHANA

La criminalisation de la défense des droits des personnes LGBTQIA+.

Le 28 fĂ©vrier, les dĂ©putĂ©s du Parlement ghanĂ©en ont votĂ© favorablement Ă  l’adoption d’une lĂ©gislation condamnant Ă  3 ans Ă  10 ans de prison toute personne s’identifiant comme appartenant Ă  la communautĂ© LGBTQIA+. Ce texte n’a pas encore Ă©tĂ© ratifiĂ© par le prĂ©sident Nana Akufo-Addo, mais on s’attend Ă  ce que cela soit effectif dans les prochaines semaines.

Le 28 fĂ©vrier, les dĂ©putĂ©s du Parlement ghanĂ©en ont votĂ© favorablement Ă  l’adoption d’une lĂ©gislation condamnant Ă  3 ans Ă  10 ans de prison toute personne s’identifiant comme appartenant Ă  la communautĂ© LGBT+. Ce texte n’a pas encore Ă©tĂ© ratifiĂ© par le prĂ©sident Nana Akufo-Addo, mais on s’attend Ă  ce que cela soit effectif dans les prochaines semaines.

Le texte proposĂ© au vote proposait que toute personne s’identifiant comme membre de la communautĂ© LGBT+ soit puni de trois ans de prison, que toute personne faisant « la promotion, le parrainage ou le soutien dĂ©libĂ©rĂ©s d’activitĂ©s LGBT + » soit puni de cinq ans de prison, et que toute personne coupable de « campagne LGBT+ » soit puni de dix ans de prison. Le texte a Ă©tĂ© votĂ© Ă  l’unanimitĂ© par les 275 dĂ©putĂ©s, ce qui explique le peu d’espoir que nous ayons concernant la ratification par le prĂ©sident.

Cette dĂ©cision inquiĂšte beaucoup parmi la sociĂ©tĂ© civile qui Ă©tait fermement opposĂ©e Ă  l’adoption de cette loi, notamment en raison des dĂ©lations encouragĂ©es explicitement. L’activiste Chris Atadika dĂ©clare que : 

« [C]ette loi va aussi encourager les gens Ă  s’inventer un talent pour dĂ©tecter les personnes LGBT + et les dĂ©noncer. Amis gays, fuyez le pays ! »

La situation est trĂšs inquiĂ©tante et malheureusement ce recul significatif des droits des personnes LGBT+ n’est pas singulier en Afrique de l’Ouest. Amnesty International a publiĂ© en dĂ©but d’annĂ©e un rapport sur la recrudescence des lois discriminatoires Ă  l’encontre des personnes LGBT+ en Afrique. Elle se base pour Ă©crire cette Ă©tude sur 12 pays africains et l’évolution de leur systĂšme juridique. Elle Ă©tablit que les lois sont utilisĂ©es comme des instruments d’oppression :

“[L]aws were egregiously employed to persecute and marginalize members of the LGBTI community, highlighting a distressing trend of legal mechanisms being used as instruments of oppression”.

 « Les lois ont Ă©tĂ© utilisĂ©es de maniĂšre flagrante pour persĂ©cuter et marginaliser les membres de la communautĂ© LGBTI, mettant en Ă©vidence une tendance inquiĂ©tante selon laquelle les mĂ©canismes juridiques sont utilisĂ©s comme instruments d’oppression ».

Par exemple, au Malawi, il y a une lĂ©gislation discriminatoire et des violations des droits des personnes LGBT+, ce qui engendre en plus de la discrimination exercĂ©e par le systĂšme lĂ©gislatif, du harcĂšlement moral quotidien. En Zambie, Amnesty International a observĂ© une augmentation significative de l’homophobie ce qui crĂ©e une situation difficile pour la communautĂ© LGBT+. Au Kenya, un dĂ©putĂ© a proposĂ© un projet de loi pour interdire les relations sexuelles entre personnes de mĂȘme sexe, le mariage entre personnes de mĂȘme sexe soit une nĂ©gation totale des libertĂ©s fondamentales. L’Ouganda a mĂȘme votĂ© l’annĂ©e derniĂšre un texte de loi pouvant punir l’homosexualitĂ© d’une peine de mort.

 

 

 

Le Monde, « Au Ghana, le Parlement durcit la loi contre les homosexuels », 29 février 2024.
Amnesty International, « Africa : barrage of discriminatory laws stoking hate against LGBTI », 9 janvier 2024.

Les féminismes : une histoire mondiale, 19Úme- 20Úme siÚcles.

Cette semaine nous vous conseillons l’ouvrage Les fĂ©minismes. Une histoire mondiale. 19Ăšme– 20Ăšme siĂšcles. Le livre est paru le 6 mars 2024 et il est dĂ©sormais disponible dans vos librairies !

Ce livre aux multiples regards traverse deux siĂšcles de luttes fĂ©ministes, il propose 100 rĂ©cits de combats et est illustrĂ© de 300 images d’archives. C’est un travail scientifique colossal qui a Ă©tĂ© encadrĂ© par Yannick Ripa et Françoise ThĂ©baud. Il aborde quatre phases diffĂ©rentes dans quatre chapitres diffĂ©rents : d’abord les surgissements fĂ©ministes de 1789 Ă  1870 ; l’organisation du fĂ©minisme Ă  l’échelle nationale et internationale de 1870 Ă  1920 ; la mondialisation du fĂ©minisme de 1920 Ă  1970 ; et enfin le militantisme pour la libertĂ© des femmes de 1970 aux annĂ©es 2000.

Ce projet ambitieux et important nous permet de prĂ©ciser nos connaissances sur le fĂ©minisme qui restent souvent cantonnĂ©es aux figures occidentales et contemporaines. Nous connaissons Simone de Beauvoir et GisĂšle Halimi, mais ce livre est l’occasion de dĂ©couvrir plein d’autres portraits de femmes au combat fĂ©ministe que l’histoire oublie trop souvent. Pour n’en citer que deux, il dĂ©veloppe par exemple le parcours et le combat de l’Indienne Savitribai Phule se bat pour que les filles puissent accĂ©der Ă  l’éducation au XIXĂšme siĂšcle, et celui de la Kenyane Wangari Maathai qui, en 1977, met en place un effort d’envergure national de plantation d’arbres pour protĂ©ger les femmes rurales qui sont victimes de la dĂ©gradation de l’environnement.

 


FACE AUX ATTAQUES DU GOUVERNEMENT, DES DROITES ET EXTRÊMES DROITES, PARTOUT LES FEMMES RESISTENT !

Nous appelons à la grève du travail, des tâches domestiques, de la consommation. Parce que seules nos voix, nos cris, nos actions visibles pourront faire bouger la société et le pouvoir pour enfin obtenir l’égalité.

 

Solidarité avec les femmes du monde entier !

Le 8 mars, nous serons en grève en solidarité avec nos sƓurs confrontées aux guerres qui sévissent dans le monde.

En solidarité avec celles qui font face à des bombardements massifs, à l’exode, sont victimes de viols de guerre, peinent à nourrir leur famille et elles-mêmes.

En solidarité avec toutes celles qui se défendent farouchement pour recouvrer leur liberté et leurs droits.

NON à la réaction, NON à l’extrême droite

Les idées d’extrême droite qui prônent la haine de l’autre, le racisme, la misogynie, la LGBTQIAphobie, remportent des succès électoraux partout dans le monde, se banalisent. En France, le gouvernement et la droite en reprennent à leur compte.

La loi immigration votée en décembre dernier en est un exemple. Même si un tiers des dispositions, comme celles instituant la préférence nationale ont été invalidées par le Conseil constitutionnel, cette loi raciste s’attaque au droit d’asile et à tou·te·s les sans papiers.

>> Nous réclamons l’abrogation de la loi immigration et la régularisation de tou·te·s les sans-papiers.

Nous voulons vivre et pas survivre !

Les inégalités salariales, les bas salaires et désormais l’inflation dégradent les conditions de vie. Les femmes représentent 62% des personnes payées au SMIC et 70% des bénéficiaires des banques alimentaires. Plus de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. 300 000 personnes dont 3000 enfants vivent dans la rue. Certaines en meurent.

>> Nous demandons la hausse des salaires, la revalorisation des minimas sociaux, la construction massive de logements sociaux.

Du travail et des salaires décents

Les femmes, notamment les mères isolées, sont particulièrement impactées par la vie chère, elles occupent des emplois mal rémunérés, sont souvent percutées par la précarité et le temps partiel imposé et touchent un salaire en moyenne 1⁄4 inférieur à celui des hommes. Les femmes, dont les retraites sont 40% inférieures à celles des hommes, sont encore plus impactées par la dernière réforme.

>> Nous réclamons l’abrogation de la réforme Macron des retraites, des lois qui pénalisent les chômeurs·euses et les bénéficiaires du RSA. Nous réclamons la revalorisation des métiers féminisés (éducation, soin, nettoyage…), l’égalité salariale, l’interdiction du temps partiel imposé, la transformation des CDD en CDI. Nous voulons la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités.

Des services publics au service de nos besoins

L’idéologie libérale vise à casser et à privatiser les services publics : hôpital, école, EHPAD, logement. Ce sont les femmes qui compensent cette carence auprès des enfants comme des plus âgé·e·s, des malades, au détriment de leur carrière, de leur autonomie financière, de leur santé.

Elles assument la grande majorité des tâches domestiques et d’éducation des enfants. Elles portent une charge mentale les obligeant à devoir constamment tout planifier.

>> Nous voulons des services publics de qualité et réclamons la création de services publics de la petite enfance et de la perte d’autonomie. Nous voulons du temps pour vivre, un partage égal des tâches, une réduction du temps de travail pour toutes et tous.

Notre corps nous appartient

Le droit à l’avortement est un droit fondamental

Nous réclamons la réouverture de tous les centres d’interruption volontaires de grossesse fermés. Nous voulons inscrire dans la Constitution le droit à l’avortement de façon réellement protectrice.

Macron appelle à un “réarmement démographique », aux relents pétainistes et natalistes, comme si le désir d’enfant dépendait de l’injonction politique et nous prépare un congé de naissance tout en pointant du doigt des parents «défaillants».

LGBTQIA, nous voulons pouvoir faire nos choix de vie, vivre librement notre orientation sexuelle, nos identités.

Handicapées, nous subissons toutes les violences. Nous sommes privées de nos droits à l’autonomie, à l’éducation, à l’emploi, aux soins, et à la procréation. Nous voulons notre indépendance économique, l’accessibilité universelle à l’ensemble de l’espace public et à tous les lieux et bâtiments.

Stop aux violences sexistes et sexuelles

#MeToo est partout, dans tous les milieux. L’impunité persiste, 1% des viols sont condamnés. Macron se permet d’ apporter son soutien à Depardieu, mis en examen pour viol et se porte ainsi garant de tout un schéma d’oppression. Les violences obstétricales et gynécologiques (VOG) sont systémiques et impunies. 9% des femmes se disent victimes de brutalités dans le soin selon le Haut Conseil à l’Égalité. Ce dernier insiste sur la persistance du sexisme chez les plus jeunes.

Quand 56% des victimes de violences sexuelles sont des mineur·e·s et 160 000 enfants victimes par an, Macron décapite la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants et fait silence sur les 30 000 témoignages recueillis.

Alors que la France accueillera cet été les Jeux Olympiques et Paralympiques, nous demandons la mise en place d’actions concrètes pour lutter contre toutes les violences sexistes et sexuelles, protéger les victimes et combattre les réseaux de traite prostitutionnelle et de proxénétisme

>> Nous voulons restaurer la CIIVISE dans son but initial et suivre ses recommandations. Nous réclamons trois milliards pour lutter contre les violences, l’application des lois existantes, le vote d’une loi-cadre contre les violences masculines à l’encontre des femmes, des enfants et des minorités de genre.

Éduquer à l’égalité, un enjeu majeur

Une éducation à l’égalité doit permettre aux enfants de comprendre les mécanismes de domination s’exerçant dans notre société.

Nous voulons une éducation non sexiste, la mise en place effective d’une éducation à la vie affective et sexuelle qui intègre les notions de désir et de plaisir, d’une éducation au consentement et à l’égalité.

 

Le 8 mars, nous serons en grève contre le patriarcat et ce gouvernement. Nous montrerons le rôle fondamental des femmes dans la société: quand les femmes s’arrêtent, tout s’arrête.

Le 8 mars : grève féministe !
Toutes dans la rue en manifestation !

 

PremiĂšres signataires :

Africa 93, Assemblée des femmes, Attac, CGT, Collectif CIVG Tenon, Collectif National pour les Droits des Femmes, Coordination des associations pour le Droit à l’avortement et la contraception, Coordination française pour le lobby européen des femmes , Diplomatie Féministe Femmes d’Avenir, les Effronté-es, Femen, Femmes contre les précarités, le chômage et les discriminations, Femmes Egalité, Femmes Solidaires, Fondation Copernic, FSU, Las Rojas, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie, Maison des femmes Thérèse Clerc de Montreuil, Marche Mondiale des Femmes France, Mémoire traumatique et victimologie, Mouvement des Femmes Kurdes en France-TJK-F, Mouvement du Nid, Organisation de Solidarité Trans, Osez le Féminisme, Planning Familial, Réseau féministe Ruptures, SKB ( Union des Femmes Socialistes Turquie), Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques, Union étudiante, Union nationale des étudiants de France, Union Nationale des Familles de Féminicides, Union syndicale Solidaires, Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes

En soutien :

Les Écologistes, Ensemble !, France Insoumise, Gauche Démocratique et Sociale, Gauche Ecosocialiste, Génération.s, Jeunes Génération.s, Jeunes socialistes, Nouveau Parti Anticapitaliste, NPA-Nouveau Parti Anticapitaliste Jeunes, Parti Communiste Français, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti de Gauche, Parti Socialiste, Place Publique, Pour l’Ecologie Populaire et Sociale, Rejoignons-nous, Union Communiste Libertaire

 

 

Face aux attaques du gouvernement, des droites et extrĂȘmes droites, partout les femmes rĂ©sistent !