LâIVG constitutionnalisĂ©e.
Lundi 4 mars Ă 18h30, le CongrĂšs a votĂ© : la France est officiellement le premier pays du monde Ă faire du droit des femmes un droit fondamental en inscrivant lâIVG dans le texte juridique le plus Ă©levĂ© dans la hiĂ©rarchie des normes, la Constitution.
Nous avons beaucoup entendu que lâentrĂ©e de lâIVG dans la Constitution, dans les conditions qui ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©es en grande partie par le SĂ©nat, nâaurait quâune valeur symbolique, sans vĂ©ritable impact sur le rĂ©el. Certes, la fermeture des espaces de soins, la rĂ©duction des moyens financiers, lâimpossibilitĂ© pour les sages-femmes dâeffectuer des IVG instrumentales, ne sont que des entraves Ă la pratique de lâavortement et des freins aux droits des femmes Ă disposer de leur corps. Certes, le projet de loi initialement proposĂ© par les dĂ©putĂ©s France Insoumise dĂ©fendait un « droit » Ă lâavortement et non seulement une « libertĂ© », telle quâont prĂ©fĂ©rĂ© lâinscrire les sĂ©nateur.rices.
Pourtant, cette victoire est entiĂšre. Elle est lâaboutissement, la consĂ©cration du combat des femmes Ă pouvoir disposer dâelles-mĂȘmes, de ce combat qui avait commencĂ© au lendemain de lâadoption du droit Ă lâIVG, le 17 janvier 1975 aprĂšs le discours de Simone de Veil Ă lâAssemblĂ©e nationale.
Dans un premier temps, il ne faudrait pas considĂ©rer quâil sâagit lĂ uniquement de lâadoption dâun symbole, dâune fioriture ornementale sans impact concret sur le rĂ©el. En effet, le matin mĂȘme du 4 mars, juste avant le CongrĂšs Ă Versailles, Aurore BergĂ©, Ministre dĂ©lĂ©guĂ©e chargĂ©e de lâEgalitĂ© entre les hommes et les femmes et de la Lutte contre les discriminations, a dĂ©clarĂ© que le dĂ©cret autorisant la pratique des IVG instrumentales par les sages-femmes, – actuellement trop restrictif pour permettre de vĂ©ritablement libĂ©raliser lâavortement, sera revu et assoupli. Lâinscription de lâIVG dans la Constitution a des consĂ©quences concrĂštes, et dâune certaine façon elle engage et oblige lâEtat et ses institutions.
Dans un deuxiĂšme temps, il nous semble important de revenir sur la charge symbolique de cette inscription. En effet, les discours sceptiques affirmant que cette rĂ©forme constitutionnelle nâest quâun symbole qui ne rĂ©sout en rien les problĂšmes dâaccĂšs Ă lâIVG et dont sâempare dĂ©jĂ le gouvernement qui se gargarise de la communication et du fĂ©minisme washing quâil va pouvoir en tirer, oublient nĂ©anmoins lâimportance et la portĂ©e sociale du symbolique en tant que tel. Nous nous accordons sur lâinstrumentalisation politique de cette rĂ©forme constitutionnelle qui masque un dĂ©sintĂ©rĂȘt Ă peine dissimulĂ© pour la cause des femmes â puisque, rappelons-le, en mĂȘme temps que le gouvernement fait inscrire lâIVG dans la Constitution, il coupe 7 millions dâeuros du budget du MinistĂšre de lâEgalitĂ©, soit 10% de son budget annuel.
NĂ©anmoins, il ne faudrait pas occulter la force du symbole et de la symbolique. Le symbole nâest pas hermĂ©tiquement extĂ©rieur au monde et sans prise sur le rĂ©el, au contraire, non seulement il lui est intimement liĂ© de fait, mais en plus il le conditionne. Lâordre social repose sur des symboles, sur des hiĂ©rarchies Ă©tablies de longue date, et câest contre cet ordre que luttent les fĂ©ministes. Or, pour lutter, il faut substituer Ă cet ordre aux symboles patriarcaux, dâautres symboles de tolĂ©rance, dâhumanitĂ© et dâĂ©galitĂ© qui sont les maĂźtres mots du fĂ©minisme. Le combat fĂ©ministe se mĂšne aussi dans la sphĂšre symbolique.
La victoire nâest pas seulement dâavoir inscrit le terme IVG noir sur blanc dans la Constitution, ni seulement quâelle en garantisse dĂ©sormais la libertĂ©, la vĂ©ritable victoire est celle du triomphe des valeurs fĂ©ministes et de leur infusion dans toute la sociĂ©tĂ©. Et ce triomphe est le rĂ©sultat de la pression exercĂ©e par les associations fĂ©ministes, et par lâensemble de la sociĂ©tĂ©, sur une institution traditionnellement conservatrice et, dans un premier temps, opposĂ©e fermement Ă la rĂ©forme constitutionnelle. La vĂ©ritable victoire câest que les revendications des fĂ©ministes pour les droits des femmes se soient diffusĂ©es aussi largement et aient convaincu toute la sociĂ©tĂ©, qui Ă©tait favorable Ă 81% Ă lâinscription de lâIVG dans la Constitution (sondage IFOP) ! La vĂ©ritable victoire est que les mobilisations et le travail acharnĂ© des fĂ©ministes ait eu un tel Ă©chos, un tel retentissement que la Constitution, câest-Ă -dire le texte non seulement le plus sacrĂ© en termes de symbole, mais Ă©galement le plus haut dans la hiĂ©rarchie des normes, en soit modifiĂ© pour accueillir en son sein le droit des femmes Ă disposer de leur corps, soit lâĂ©galitĂ© entre les sexes.
Inscrire lâIVG dans la Constitution câest consacrer le droit des femmes Ă disposer de leur corps comme un droit fondamental. Ce nâest pas une victoire symbolique, câest la victoire des symboles.
Et grĂące aux mobilisations citoyennes fĂ©ministes, partout en Europe, nous allons faire du droit Ă lâavortement un droit europĂ©en, pour que toutes les femmes qui souffrent aujourdâhui en Pologne, en Hongrie, en Italie puissent y avoir recours.
DignifAI, lâintelligence artificielle qui habille les femmes sur internet.
Le logiciel DignifAI est la derniĂšre invention des masculinistes et des conservateurs aux valeurs rĂ©actionnaires. Les femmes sâexposant sur les rĂ©seaux sociaux ne seraient plus « dignes », et les internautes les rhabillent donc avec un discours mĂȘlant indignation, instrumentalisation et sexualisation.
On a beaucoup vu ces derniers temps lâutilisation massive dâintelligences artificielles dĂ©shabillant les femmes sur internet pour crĂ©er de fausses images pornographiques. De nombreuses femmes publiques en ont Ă©tĂ© victimes, nous en avons parlĂ© prĂ©cĂ©demment, quâil sâagisse de Taylor Swift, dâEmma Watson ou de femmes politiques. DĂ©shabiller virtuellement des femmes sans leur consentement porte atteinte Ă leur intĂ©gritĂ© et Ă leur droit Ă lâimage, il sâagit dâun phĂ©nomĂšne patriarcal humiliant et rabaissant et contre lequel il faut lutter fermement en mettant en place une juridiction sĂ©vĂšre sur le sujet, pour lâinstant inexistante.
Aujourdâhui, sur le mĂȘme schĂ©ma, une autre tendance a vu le jour : celle, grĂące aux intelligences artificielles, dâhabiller les images de femmes sur internet. Câest le phĂ©nomĂšne DignifAI. Le site internet permet de gĂ©nĂ©rer des images et de modifier des images existantes en ajoutant un vĂȘtement ou en le modifiant. Alors, pourquoi ça pose problĂšme puisquâil ne sâagit pas de produire du contenu pornographique comme dans le cas contraire, ni dâhumilier ou de rabaisser les femmes ? Et bien enfaite si ! Câest toujours la consĂ©cration dâidĂ©aux masculinistes qui assimilent les femmes Ă des objets.
Câest la mĂȘme logique patriarcale et paternaliste qui va habiller les femmes comme les hommes le veulent, sans laisser aux femmes la possibilitĂ© de dĂ©cider par elles-mĂȘmes. Si Taylor Swift choisit de ne pas sâexposer nue, câest son choix Ă elle, et si une femme choisit la nuditĂ©, comme câest le cas pour Kristen Stewart en couverture de Rolling Stone magazine, pour moquer les codes de la fĂ©minitĂ© dans une ambiance punk et rock and roll, alors ce nâest pas Ă DignifAI de lâhabiller. Lâactrice explique quâelle voulait justement une photo hypersexualisĂ©e jouant avec les codes de genre.
Le but de cette pratique est de rendre « dignes » les femmes qui « sâexposent » sur les rĂ©seaux sociaux dâune maniĂšre qui ne convient pas aux puritains conservateurs amĂ©ricains. Câest extrĂȘmement infantilisant, paternaliste et humiliant car câest concrĂštement ne pas laisser aux femmes la possibilitĂ© de dĂ©cider pour elles-mĂȘmes, câest les relayer Ă un statut infĂ©rieur de personnes incapables de prendre des dĂ©cisions. Le but est ouvertement annoncĂ© : « purifier » les femmes de leurs tenues jugĂ©es trop sexuelles, de leurs tatouages et de leurs piercings. Ăa revient Ă faire des hommes, les seuls juges de la « dignitĂ© » des femmes.
En soit le message est clair bien que complĂštement antithĂ©tique : le vĂ©ritable danger pour les femmes câest elles-mĂȘmes et leur capacitĂ© Ă faire des choix, et câest donc aux hommes de dĂ©cider pour elles afin de les sauver.
La prise en compte de la parentalitĂ© dans lâorganisation des Jeux Olympiques.
Le 26 fĂ©vrier, le ComitĂ© National Olympique et Sportif Français (CNOSF) ainsi que le ComitĂ© Paralympique et Sportif Français (CPSF) ont publiĂ© conjointement un communiquĂ© de presse pour informer des modalitĂ©s prĂ©vues pour prendre en compte au mieux la parentalitĂ© des sportif·ves dans lâorganisation des Jeux Olympiques. Il sâagit lĂ dâun dispositif inĂ©dit.
Les rĂšgles sont dictĂ©es par le ComitĂ© International Olympique (CIO) et le ComitĂ© International Paralympique (CIP), mais malgrĂ© celles-ci les deux comitĂ©s nationaux français ont essayĂ© de mettre en place des mesures pour les athlĂštes parents. Une des premiĂšres rĂšgles Ă©tablit que ne peuvent rĂ©sider dans le village olympique que des athlĂštes ainsi que leur staff, ce qui rend impossible la prĂ©sence des enfants, mĂȘme sâils·elles sont en bas Ăąges ou quâils·elles sont encore allaité·es.
Pour les athlĂštes qui allaitent, un espace dĂ©diĂ© a donc Ă©tĂ© Ă©tabli Ă lâhĂŽtel Pleyel qui est situĂ© Ă proximitĂ© du village olympique. Il y aura Ă©galement la possibilitĂ© pour les athlĂštes le souhaitant de rĂ©server des chambres afin de dormir avec leur enfant. Un espace de convivialitĂ© a Ă©galement Ă©tĂ© imaginĂ© afin de recevoir les parents et enfants des athlĂštes durant la journĂ©e. Ce dispositif sera ouvert pour toute la durĂ©e des Jeux.
Des exceptions additionnelles sont prĂ©vues pour les athlĂštes paralympiques. Ceux ayant des enfants de moins dâun an pourront profiter de deux guest pass par jour offrant un accĂšs au village jusquâĂ 21h. Ceux ayant des enfants de moins de trois ans pourront ĂȘtre hĂ©bergĂ©s hors du village olympique sâils dĂ©sirent rester avec leur enfant et quâils en formulent la demande en expliquant les besoins spĂ©cifiques de lâenfant (handicap, allaitement, âŠ). Les demandes seront Ă©tudiĂ©es au cas par cas.
Le communiquĂ© explique que « ces dispositifs sont une premiĂšre dans lâhistoire de l’Ăquipe de France et ont pour vocation de perdurer pour les prochaines Ă©ditions des Jeux Olympiques et Paralympiques ».
Pourtant, ce dispositif plus humain et progressiste ne fait pas l’unanimitĂ©. La journaliste France Pierron sur le plateau de la chaĂźne lâEquipe a dĂ©clarĂ© quâil sâagissait lĂ dâun « caprice ». Elle explique que souhaiter ĂȘtre parent en tant quâathlĂšte câest devoir accepter de faire des sacrifices, que se sont aux sportif·ves de sâarranger et non aux comitĂ©s dâadapter les modalitĂ©s dâexercice de leur pratique.
Beaucoup dâathlĂštes, et notamment des femmes, ont rĂ©pondu Ă France Pierron sur les rĂ©seaux sociaux. Certaines ont exprimĂ© leur incomprĂ©hension au regard de sa rĂ©action face Ă lâĂ©volution de la pratique sportive et de ses conditions dâexercice, se demandant pourquoi il Ă©tait attendu des femmes sportives quâelles renoncent Ă leur vie personnelle et quâelles sacrifient leur vie de famille, voire quâelles renoncent Ă en avoir, pour le sport. Leur incomprĂ©hension est dâautant plus lĂ©gitime que les Ă©volutions et les amĂ©nagements sont minimes au regard de ce quâils permettent.
En effet, dâautres femmes athlĂštes ont soulignĂ© que ces amĂ©nagements Ă©taient bĂ©nĂ©fiques pour la pratique sportive elle-mĂȘme puisquâils permettaient aux femmes de continuer dâexercer et de ne pas quitter leur Ă©quipe en raison de lâincapacitĂ© de concilier les deux. Isabelle Yacoubou, basketteuse française tout juste retraitĂ©e, a mĂȘme rĂ©pondu sur X : « Ancienne internationale, si jâavais eu ces amĂ©nagements jâaurais peut-ĂȘtre continuer Ă porter de maillot đ«đ· ».
La criminalisation de la défense des droits des personnes LGBTQIA+.
Le 28 fĂ©vrier, les dĂ©putĂ©s du Parlement ghanĂ©en ont votĂ© favorablement Ă lâadoption dâune lĂ©gislation condamnant Ă 3 ans Ă 10 ans de prison toute personne sâidentifiant comme appartenant Ă la communautĂ© LGBTQIA+. Ce texte nâa pas encore Ă©tĂ© ratifiĂ© par le prĂ©sident Nana Akufo-Addo, mais on sâattend Ă ce que cela soit effectif dans les prochaines semaines.
Le 28 fĂ©vrier, les dĂ©putĂ©s du Parlement ghanĂ©en ont votĂ© favorablement Ă lâadoption dâune lĂ©gislation condamnant Ă 3 ans Ă 10 ans de prison toute personne sâidentifiant comme appartenant Ă la communautĂ© LGBT+. Ce texte nâa pas encore Ă©tĂ© ratifiĂ© par le prĂ©sident Nana Akufo-Addo, mais on sâattend Ă ce que cela soit effectif dans les prochaines semaines.
Le texte proposĂ© au vote proposait que toute personne sâidentifiant comme membre de la communautĂ© LGBT+ soit puni de trois ans de prison, que toute personne faisant « la promotion, le parrainage ou le soutien dĂ©libĂ©rĂ©s dâactivitĂ©s LGBT + » soit puni de cinq ans de prison, et que toute personne coupable de « campagne LGBT+ » soit puni de dix ans de prison. Le texte a Ă©tĂ© votĂ© Ă lâunanimitĂ© par les 275 dĂ©putĂ©s, ce qui explique le peu dâespoir que nous ayons concernant la ratification par le prĂ©sident.
Cette dĂ©cision inquiĂšte beaucoup parmi la sociĂ©tĂ© civile qui Ă©tait fermement opposĂ©e Ă lâadoption de cette loi, notamment en raison des dĂ©lations encouragĂ©es explicitement. Lâactiviste Chris Atadika dĂ©clare que :Â
« [C]ette loi va aussi encourager les gens Ă sâinventer un talent pour dĂ©tecter les personnes LGBT + et les dĂ©noncer. Amis gays, fuyez le pays ! »
La situation est trĂšs inquiĂ©tante et malheureusement ce recul significatif des droits des personnes LGBT+ nâest pas singulier en Afrique de lâOuest. Amnesty International a publiĂ© en dĂ©but dâannĂ©e un rapport sur la recrudescence des lois discriminatoires Ă lâencontre des personnes LGBT+ en Afrique. Elle se base pour Ă©crire cette Ă©tude sur 12 pays africains et lâĂ©volution de leur systĂšme juridique. Elle Ă©tablit que les lois sont utilisĂ©es comme des instruments dâoppression :
â[L]aws were egregiously employed to persecute and marginalize members of the LGBTI community, highlighting a distressing trend of legal mechanisms being used as instruments of oppressionâ.
 « Les lois ont Ă©tĂ© utilisĂ©es de maniĂšre flagrante pour persĂ©cuter et marginaliser les membres de la communautĂ© LGBTI, mettant en Ă©vidence une tendance inquiĂ©tante selon laquelle les mĂ©canismes juridiques sont utilisĂ©s comme instruments dâoppression ».
Par exemple, au Malawi, il y a une lĂ©gislation discriminatoire et des violations des droits des personnes LGBT+, ce qui engendre en plus de la discrimination exercĂ©e par le systĂšme lĂ©gislatif, du harcĂšlement moral quotidien. En Zambie, Amnesty International a observĂ© une augmentation significative de lâhomophobie ce qui crĂ©e une situation difficile pour la communautĂ© LGBT+. Au Kenya, un dĂ©putĂ© a proposĂ© un projet de loi pour interdire les relations sexuelles entre personnes de mĂȘme sexe, le mariage entre personnes de mĂȘme sexe soit une nĂ©gation totale des libertĂ©s fondamentales. LâOuganda a mĂȘme votĂ© lâannĂ©e derniĂšre un texte de loi pouvant punir lâhomosexualitĂ© dâune peine de mort.
Cette semaine nous vous conseillons lâouvrage Les fĂ©minismes. Une histoire mondiale. 19Ăšme– 20Ăšme siĂšcles. Le livre est paru le 6 mars 2024 et il est dĂ©sormais disponible dans vos librairies !
Ce livre aux multiples regards traverse deux siĂšcles de luttes fĂ©ministes, il propose 100 rĂ©cits de combats et est illustrĂ© de 300 images dâarchives. Câest un travail scientifique colossal qui a Ă©tĂ© encadrĂ© par Yannick Ripa et Françoise ThĂ©baud. Il aborde quatre phases diffĂ©rentes dans quatre chapitres diffĂ©rents : dâabord les surgissements fĂ©ministes de 1789 Ă 1870 ; lâorganisation du fĂ©minisme Ă lâĂ©chelle nationale et internationale de 1870 Ă 1920 ; la mondialisation du fĂ©minisme de 1920 Ă 1970 ; et enfin le militantisme pour la libertĂ© des femmes de 1970 aux annĂ©es 2000.
Ce projet ambitieux et important nous permet de prĂ©ciser nos connaissances sur le fĂ©minisme qui restent souvent cantonnĂ©es aux figures occidentales et contemporaines. Nous connaissons Simone de Beauvoir et GisĂšle Halimi, mais ce livre est lâoccasion de dĂ©couvrir plein dâautres portraits de femmes au combat fĂ©ministe que lâhistoire oublie trop souvent. Pour nâen citer que deux, il dĂ©veloppe par exemple le parcours et le combat de lâIndienne Savitribai Phule se bat pour que les filles puissent accĂ©der Ă lâĂ©ducation au XIXĂšme siĂšcle, et celui de la Kenyane Wangari Maathai qui, en 1977, met en place un effort dâenvergure national de plantation dâarbres pour protĂ©ger les femmes rurales qui sont victimes de la dĂ©gradation de lâenvironnement.
Nous appelons aÌ la greÌve du travail, des taÌches domestiques, de la consommation. Parce que seules nos voix, nos cris, nos actions visibles pourront faire bouger la socieÌteÌ et le pouvoir pour enfin obtenir lâeÌgaliteÌ.
SolidariteÌ avec les femmes du monde entier !
Le 8 mars, nous serons en greÌve en solidariteÌ avec nos sĆurs confronteÌes aux guerres qui seÌvissent dans le monde.
En solidariteÌ avec celles qui font face aÌ des bombardements massifs, aÌ lâexode, sont victimes de viols de guerre, peinent aÌ nourrir leur famille et elles-meÌmes.
En solidariteÌ avec toutes celles qui se deÌfendent farouchement pour recouvrer leur liberteÌ et leurs droits.
NON aÌ la reÌaction, NON aÌ lâextreÌme droite
Les ideÌes dâextreÌme droite qui proÌnent la haine de lâautre, le racisme, la misogynie, la LGBTQIAphobie, remportent des succeÌs eÌlectoraux partout dans le monde, se banalisent. En France, le gouvernement et la droite en reprennent aÌ leur compte.
La loi immigration voteÌe en deÌcembre dernier en est un exemple. MeÌme si un tiers des dispositions, comme celles instituant la preÌfeÌrence nationale ont eÌteÌ invalideÌes par le Conseil constitutionnel, cette loi raciste sâattaque au droit dâasile et aÌ tou·te·s les sans papiers.
>> Nous reÌclamons lâabrogation de la loi immigration et la reÌgularisation de tou·te·s les sans-papiers.
Nous voulons vivre et pas survivre !
Les ineÌgaliteÌs salariales, les bas salaires et deÌsormais lâinflation deÌgradent les conditions de vie. Les femmes repreÌsentent 62% des personnes payeÌes au SMIC et 70% des beÌneÌficiaires des banques alimentaires. Plus de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreteÌ. 300 000 personnes dont 3000 enfants vivent dans la rue. Certaines en meurent.
>> Nous demandons la hausse des salaires, la revalorisation des minimas sociaux, la construction massive de logements sociaux.
Du travail et des salaires deÌcents
Les femmes, notamment les meÌres isoleÌes, sont particulieÌrement impacteÌes par la vie cheÌre, elles occupent des emplois mal reÌmuneÌreÌs, sont souvent percuteÌes par la preÌcariteÌ et le temps partiel imposeÌ et touchent un salaire en moyenne 1â4 infeÌrieur aÌ celui des hommes. Les femmes, dont les retraites sont 40% infeÌrieures aÌ celles des hommes, sont encore plus impacteÌes par la dernieÌre reÌforme.
>> Nous reÌclamons lâabrogation de la reÌforme Macron des retraites, des lois qui peÌnalisent les choÌmeurs·euses et les beÌneÌficiaires du RSA. Nous reÌclamons la revalorisation des meÌtiers feÌminiseÌs (eÌducation, soin, nettoyage…), lâeÌgaliteÌ salariale, lâinterdiction du temps partiel imposeÌ, la transformation des CDD en CDI. Nous voulons la retraite aÌ 60 ans avec 37,5 annuiteÌs.
Des services publics au service de nos besoins
LâideÌologie libeÌrale vise aÌ casser et aÌ privatiser les services publics : hoÌpital, eÌcole, EHPAD, logement. Ce sont les femmes qui compensent cette carence aupreÌs des enfants comme des plus aÌgeÌ·e·s, des malades, au deÌtriment de leur carrieÌre, de leur autonomie financieÌre, de leur santeÌ.
Elles assument la grande majoriteÌ des taÌches domestiques et dâeÌducation des enfants. Elles portent une charge mentale les obligeant aÌ devoir constamment tout planifier.
>> Nous voulons des services publics de qualiteÌ et reÌclamons la creÌation de services publics de la petite enfance et de la perte dâautonomie. Nous voulons du temps pour vivre, un partage eÌgal des taÌches, une reÌduction du temps de travail pour toutes et tous.
Notre corps nous appartient
Le droit aÌ lâavortement est un droit fondamental
Nous reÌclamons la reÌouverture de tous les centres dâinterruption volontaires de grossesse fermeÌs. Nous voulons inscrire dans la Constitution le droit aÌ lâavortement de façon reÌellement protectrice.
Macron appelle aÌ un âreÌarmement deÌmographique », aux relents peÌtainistes et natalistes, comme si le deÌsir dâenfant deÌpendait de lâinjonction politique et nous preÌpare un congeÌ de naissance tout en pointant du doigt des parents «deÌfaillants».
LGBTQIA, nous voulons pouvoir faire nos choix de vie, vivre librement notre orientation sexuelle, nos identiteÌs.
HandicapeÌes, nous subissons toutes les violences. Nous sommes priveÌes de nos droits aÌ lâautonomie, aÌ lâeÌducation, aÌ lâemploi, aux soins, et aÌ la procreÌation. Nous voulons notre indeÌpendance eÌconomique, lâaccessibiliteÌ universelle aÌ lâensemble de lâespace public et aÌ tous les lieux et baÌtiments.
Stop aux violences sexistes et sexuelles
#MeToo est partout, dans tous les milieux. LâimpuniteÌ persiste, 1% des viols sont condamneÌs. Macron se permet dâ apporter son soutien aÌ Depardieu, mis en examen pour viol et se porte ainsi garant de tout un scheÌma dâoppression. Les violences obsteÌtricales et gyneÌcologiques (VOG) sont systeÌmiques et impunies. 9% des femmes se disent victimes de brutaliteÌs dans le soin selon le Haut Conseil aÌ lâEÌgaliteÌ. Ce dernier insiste sur la persistance du sexisme chez les plus jeunes.
Quand 56% des victimes de violences sexuelles sont des mineur·e·s et 160 000 enfants victimes par an, Macron deÌcapite la Commission IndeÌpendante sur lâInceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants et fait silence sur les 30 000 teÌmoignages recueillis.
Alors que la France accueillera cet eÌteÌ les Jeux Olympiques et Paralympiques, nous demandons la mise en place dâactions concreÌtes pour lutter contre toutes les violences sexistes et sexuelles, proteÌger les victimes et combattre les reÌseaux de traite prostitutionnelle et de proxeÌneÌtisme
>> Nous voulons restaurer la CIIVISE dans son but initial et suivre ses recommandations. Nous reÌclamons trois milliards pour lutter contre les violences, lâapplication des lois existantes, le vote dâune loi-cadre contre les violences masculines aÌ lâencontre des femmes, des enfants et des minoriteÌs de genre.
EÌduquer aÌ lâeÌgaliteÌ, un enjeu majeur
Une eÌducation aÌ lâeÌgaliteÌ doit permettre aux enfants de comprendre les meÌcanismes de domination sâexerçant dans notre socieÌteÌ.
Nous voulons une eÌducation non sexiste, la mise en place effective dâune eÌducation aÌ la vie affective et sexuelle qui inteÌgre les notions de deÌsir et de plaisir, dâune eÌducation au consentement et aÌ lâeÌgaliteÌ.
Le 8 mars, nous serons en greÌve contre le patriarcat et ce gouvernement. Nous montrerons le roÌle fondamental des femmes dans la socieÌteÌ: quand les femmes sâarreÌtent, tout sâarreÌte.
Le 8 mars : greÌve feÌministe !
Toutes dans la rue en manifestation !
PremiĂšres signataires :
Africa 93, AssembleÌe des femmes, Attac, CGT, Collectif CIVG Tenon, Collectif National pour les Droits des Femmes, Coordination des associations pour le Droit aÌ lâavortement et la contraception, Coordination française pour le lobby europeÌen des femmes , Diplomatie FeÌministe Femmes dâAvenir, les EffronteÌ-es, Femen, Femmes contre les preÌcariteÌs, le choÌmage et les discriminations, Femmes EgaliteÌ, Femmes Solidaires, Fondation Copernic, FSU, Las Rojas, Ligue des Femmes Iraniennes pour la DeÌmocratie, Maison des femmes TheÌreÌse Clerc de Montreuil, Marche Mondiale des Femmes France, MeÌmoire traumatique et victimologie, Mouvement des Femmes Kurdes en France-TJK-F, Mouvement du Nid, Organisation de SolidariteÌ Trans, Osez le FeÌminisme, Planning Familial, ReÌseau feÌministe Ruptures, SKB ( Union des Femmes Socialistes Turquie), Stop aux Violences ObsteÌtricales et GyneÌcologiques, Union eÌtudiante, Union nationale des eÌtudiants de France, Union Nationale des Familles de FeÌminicides, Union syndicale Solidaires, Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes
En soutien :
Les EÌcologistes, Ensemble !, France Insoumise, Gauche DeÌmocratique et Sociale, Gauche Ecosocialiste, GeÌneÌration.s, Jeunes GeÌneÌration.s, Jeunes socialistes, Nouveau Parti Anticapitaliste, NPA-Nouveau Parti Anticapitaliste Jeunes, Parti Communiste Français, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti de Gauche, Parti Socialiste, Place Publique, Pour lâEcologie Populaire et Sociale, Rejoignons-nous, Union Communiste Libertaire
Face aux attaques du gouvernement, des droites et extrĂȘmes droites, partout les femmes rĂ©sistent !