Revue de presse féministe & internationale du 17 au 23 février

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COMMUNIQUE DE PRESSE 28/02/2024 – IVG dans la Constitution
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Revue de presse féministe & internationale du 17 au 23 février


FRANCE

Le Sénat refuse la proposition de loi socialiste pour un arrêt menstruel en cas de règles incapacitantes.

Ce jeudi 15 février, le Sénat a voté contre la proposition de loi permettant aux femmes victimes de règles incapacitantes d’avoir recours à un congé spécifique. Ce système, pourtant déjà adopté en Espagne, et dans quelques villes et entreprises françaises, est une nécessité pour avancer vers une égalité hommes-femmes dans le monde du travail.

Elisabeth Borne, la précédente Première ministre, s’était pourtant positionnée en faveur de la généralisation du « congé » menstruel en avril 2023 sur le plateau de France 2. Elle avait affirmé que le groupe Renaissance était déjà en train d’analyser le dispositif. Les socialistes avaient ensuite déposé dans la foulée un projet de loi prévoyant pour les femmes souffrant de douleurs de règles incapacitantes d’être arrêtées deux jours par mois, sans délai de carence. Ces douleurs de règle, aussi appelées dysménorrhées touchent 50 à 80% des femmes fécondes, et parmi elles, 16% souffrent de douleurs incapacitantes et doivent modifier leurs comportements (comme le précise la sénatrice Laurence Rossignol) quand elles ont leurs règles. Ces douleurs sont très graves et doivent être prises au sérieux. Dans certains cas, elles vont jusqu’à la perte de la vue pendant des heures. Ces symptômes touchent pour beaucoup les femmes déjà atteintes de maladies gynécologiques chroniques, comme l’endométriose qui touche 10% des femmes, selon l’OMS.

Le texte prévoyait des aménagements en télétravail, un arrêt de travail spécifique d’un maximum de deux jours par mois sans jour de carence pour toute personne présentant un certificat médical indiquant un arrêt de travail pour dysménorrhée. Ce certificat n’aurait eu besoin d’être renouvelé qu’une fois par an. Le fait que cet arrêt se serait pris sans jour de carence est essentiel car cela signifie que les femmes qui y auraient eu recours n’auraient pas subi de pertes de salaire. Or, les femmes en situation de précarité ne peuvent pas, pour beaucoup, se permettre ces retenues sur salaire. Ces retenues peuvent aller pour certaines jusqu’à 10% du salaire.

Le texte était porté par la sénatrice socialiste Hélène Conway-Mouret. Les 117 voix pour l’adoption de ce texte, venues de partis de gauche, ont été contrées par 206 voix venues du centre et de la droite. Parmi les objections qui ont été adressées à ce texte, il nous faut revenir sur celle de Frédéric Valletoux, le ministre délégué chargé de la Santé. Il a affirmé que si le texte était une bonne initiative, cette possibilité d’avoir recours à des arrêts entrainerait des risques de discrimination à l’embauche.

Cette rhétorique est ridicule puisqu’elle implique que ce serait donc aux femmes de prendre sur elles, d’accepter les douleurs et les retenues de salaire, pour ne pas être discriminées ? Le Ministre ferait-il donc des femmes les responsables et non les victimes de leur propre discrimination ? Ainsi, Monsieur le Ministre fait non seulement porter aux femmes victimes de dysménorrhée la responsabilité de leur discrimination, mais il oublie également que c’est bien le rôle de l’Etat, et plus précisément du Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, et donc par extension le sien, que de lutter contre et de punir toutes les formes de discrimination.

Au lieu de ça, il préfère laisser les femmes subir les douleurs et les retenues de salaire qu’elles entraînent, plutôt que de les soulager en leur permettant d’avoir des arrêts et de punir ceux qui les discriminent pour ces raisons. C’est une occasion manquée pour les macronistes d’illustrer et de concrétiser leurs engagements féministes. 

 

 

Le Monde, « Congé menstruel: Elizabeth Borne souhaite « faciliter » l’engagement des employeurs », 27 avril 2023.
Le Monde, « Congé menstruel: une proposition de loi examinée par le Sénat », 14 février 2024.
L’Internaute, « Le congé menstruel écarté: pourquoi le Sénat a voté contre ? », 15 février 2024.
PasseportSanté, « Règles douloureuses: dysménorrhée », 12 janvier 202é.

 

FRANCE

Le site anti-IVG « Les Survivants » enfin fermé par la justice.

Le 12 février, les services juridiques de la mairie de Paris ont fait fermer le site internet du groupuscule anti-avortement « Les Survivants » suite à une action de collage de milliers d’autocollants sur les Vélibs de Paris sur lesquels était inscrit « Et si vous l’aviez laissé vivre ? » avec l’image d’un fœtus, d’un nourrisson et d’un jeune enfant faisant du vélo. Cette campagne fait partie d’un mouvement plus globale de désinformation et d’entrave à l’avortement – ce qui est illégal en France.

La mairie de Paris, qui avait engagé les poursuites judiciaires contre ce groupe en mai 2023, se félicite. Lors de l’instruction, il avait été demandé de connaître l’identité du titulaire du site internet, mais les informations renseignées étant fallacieuses, et l’identité ne pouvait donc être connue, et la mairie a donc demandé la fermeture du site. Celle-ci a été effective dès que le bureau d’enregistrement a été notifié par la justice. Dans un communiqué publié le 6 février, Anne Hidalgo, la maire de Paris, a déclaré que :

« La fermeture du site du groupuscule Les Survivants est une excellente nouvelle pour les droits des femmes. À la suite de leurs actions d’affichage illégales, la Ville de Paris a immédiatement engagé des poursuites contre ce site de désinformation qui met en danger les femmes, notamment les plus vulnérables, leur santé et leur droit le plus fondamental de disposer librement de leurs corps. Alors que nous attendons avec impatience l’inscription du droit à l’avortement dans notre Constitution, voilà un signal fort en faveur de l’égalité entre les femmes les hommes ».

Aujourd’hui en France, l’entrave à l’IVG par quelque moyen que ce soit, est un délit, et il est ainsi punissable par la justice. L’article L2223-2, modifié par LOI n°2017-347 du 20 mars 2017 établit que : « Est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption volontaire de grossesse ». L’article détermine également les différentes d’entrave à l’IVG qui sont punissables. Il y a par exemple le fait d’occuper un centre où se pratique l’IVG, d’exercer une pression sur les femmes souhaitant recourir à l’IVG ou sur leur famille, également le fait de diffuser de fausses informations, et, dans le cas qui nous intéresse ici, « d’exerc[er] des pressions morales et psychologiques, des menaces ou tout acte d’intimidation à l’encontre des personnes cherchant à s’informer sur une interruption volontaire de grossesse ».

La campagne placardée sur les Vélibs jouait la carte de l’attendrissement en proposant un visuel coloré, avec des dessins d’enfants design pouvant passer pour un travail de professionnel, adapté à la forme même du Vélib puisque l’autocollant épousait parfaitement la taille de la roue – si bien que l’on a cru que cette campagne était commanditée. L’entreprise Vélib a dû démentir toute accusation sur son compte Twitter en affirmant qu’il s’agissait là de vandalisme et porter plainte contre le groupuscule. Cette campagne rentre dans la catégorie établie par l’article de loi cité précédemment des pressions morales et psychologiques. En effet, il y a derrière ce visuel en apparence innocent tout un discours culpabilisateur non seulement d’une grande violence pour les femmes ayant eu recours à un IVG ou souhaitant y avoir recours, mais qui en plus remet en cause la moralité de leur acte.

C’est un discours extrêmement dangereux qui remet en cause le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes et de faire leurs propres choix. Or, nous observons en ce moment une inquiétante augmentation des mouvements anti-IVG, que ce soit sur les réseaux sociaux ou non, qui touchent beaucoup les jeunes générations. Il s’agit de mouvements organisés et très bien financés, comme l’a exposé le rapport conjoint de la Fondation des femmes et de l’ISD, et contre lesquels il est plus que jamais essentiel de se battre.

 Protégeons les femmes en inscrivant le droit à l’IVG dans la Constitution !

 

Pour signer la pétition pour mettre l’IVG dans la Constitution, cliquez ici

 

Pour lire le rapport de la Fondation des Femmes, cliquez ici

 

 

20 minutes, « Le site « les survivants », un groupe anti-IVG, fermé en marge d’une procédure judiciaire », 10 février 2024.
LegiFrance, Entrave à l’IVG.
Le Parisien, « Et si vous l’aviez laissé vivre ? : des messages anti avortement placardés sur les vélibs de Paris », 25 mai 2023.

 

TURKMENISTAN

L’Etat organise des tests de virginité dans les lycées.

Pour « tester la moralité » des lycéennes, le gouvernement du Turkménistan a fait subir des tests de virginité obligatoires dans les lycées sans que le consentement, ni des jeunes filles ni des parents aient été demandés.

Les étudiantes dont la virginité n’est pas prouvée par ces tests sont dénoncées à la police départementale et au Ministère de la Sécurité Nationale. La police entame alors des recherches dans les téléphones des jeunes filles pour obtenir des informations sur leur partenaire sexuel présumé. Selon un fonctionnaire interrogé anonymement, il s’agirait de pouvoir ainsi déterminer et punir les personnes ayant des relations sexuelles avec des mineures mais la réalité est que cette pratique, réalisée sans consentement aucun, stigmatise et discrimine les jeunes filles ayant eu des rapports sexuels, que cela soit leur décision ou non.

Pourtant, l’administration et l’Etat n’ont donné aucune explication publique pour justifier ces tests. Le même individu explique également que les grossesses chez les adolescentes ont été en nette augmentation ces six derniers mois dans la province des Balkans. Il explique que dès que le Ministère de l’éducation a été informé de cette augmentation, le chef du département de l’éducation de la région a été sévèrement réprimandé, et qu’ensuite les tests ont commencé.

Il s’agit là d’une vaste entreprise d’intimidation et d’humiliation pour effrayer les jeunes et ainsi contrôler le corps des femmes en insufflant la peur d’être dévoilée. En effet, lorsque de tels tests avaient été menés en 2018, les parents dont les jeunes filles avaient été « démontrées » non-vierges avaient été convoqué·es et humilié·es devant toute l’école. Il ne s’agit en aucun cas de « protéger » les jeunes filles des agresseurs mais bien de les stigmatiser et de les humilier.

Non seulement les tests réalisés sans consentement violent l’intégrité physique et morale de la personne qui les subit, mais en plus ces tests ne sont absolument fiables. En effet, ils consistent à vérifier que l’hymen de la personne est toujours en place, or, l’hymen peut céder pour pleins d’autres raisons que l’acte sexuel, et certaines femmes naissent même parfois sans. L’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que :

“this medically unnecessary, and often times painful, humiliating and traumatic practice must end”.

« Cette pratique médicalement inutile et souvent douloureuse, humiliante et traumatisante doit cesser ».

En effet, faire subir aux femmes de tels examens est extrêmement rabaissant et humiliant, c’est une entreprise de contrôle du corps des femmes, une entreprise de réduction des libertés, une entreprise de réification. Déterminer la vertu, l’honneur ou la valeur sociale d’une personne à partir de sa supposée virginité c’est la limiter à son corps, c’est-à-dire à ce qu’elle représente, non pas pour elle-même, mais pour les hommes autour d’elle. C’est se servir d’elle comme d’un outil, d’un instrument.

 

 

 

RadioFreeEurope, « Turkménistan conducting virginity tests to evaluate teenagers’ morality », 11 février 2024.

 

FRANCE

Les femmes migrantes vietnamiennes victimes des réseaux de proxénétisme.

La justice française a montré son désintérêt pour les femmes victimes de traite humaine et des réseaux de proxénétisme. Alors que deux femmes vietnamiennes avaient été arrêtées par la justice pour présence illégale sur le territoire en septembre 2022, leurs avocats avaient apporté la preuve qu’elles étaient victimes de proxénètes. Elles n’ont pas été condamnées, mais aucune protection ne leur a été accordée. Elles sont aujourd’hui introuvables, très probablement récupérées par leurs proxénètes.

Pour les avocats, cette décision de les libérer sans aucune protection est insupportable, car il s’agit d’exploitation sexuelle et toutes les preuves pouvant le démontrer avaient été exposées lors des procès de ces femmes. Le schéma est le même pour chaque personne arrêtée, ces femmes se trouvent au même endroit : dans la région de la ville de Rouen, et les cas se multiplient (il s’agit du sixième dossier selon les avocats interrogés par Médiapart). C’est également ce qu’a mis en avant le tribunal administratif de Rouen considérant qu’au vu des preuves dont dispose la police, tous les éléments convergent pour laisser à penser que ces femmes sont victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle.

Il est d’autant plus surprenant que la police n’ait pas envisagé l’hypothèse de la traite car ces réseaux de proxénétisme sont apparemment bien connus dans la région. Également, selon les chiffres du ministère, 4 à 8% des femmes victimes de traite en France viendrait d’Asie, et pour la grande majorité du Vietnam. Pour le Conseil de l’Europe, cette incapacité à voir les victimes de traite s’explique par deux phénomènes. Premièrement, l’absence de recherche et d’investigation de la part des institutions françaises et deuxièmement, le manque de formation des policiers sur le sujet. A la suite de ce rapport, le Conseil de l’Europe a demandé à la France de mettre en place un cadre national de lutte contre la traite qui établissait le protocole à suivre pour les forces de l’ordre et les institutions en cas d’interpellation de personnes victimes de traite.

En décembre 2023, l’Etat a annoncé son plan de lutte contre l’exploitation et la traite des êtres humains 2024-2027. Nous considérons qu’il est essentiel que celui-ci soit appliqué dans les meilleures conditions car la migration, la précarité qu’elle entraine, et les réseaux de proxénétisme sont en France les principales causes de la prostitution. En effet, en Europe 84% des femmes en situation de prostitution sont migrantes et la prostitution est par ailleurs l’une des causes principales de la traite humaine. Le protocole de Palerme des Nations Unies adopté en 2000, définit la traite des êtres humains comme

“le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte […] ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle […]”.

Se refuser à adresser concrètement le problème de la traite humaine c’est abandonner les personnes subissant de la violence sexuelle de la part de leur proxénète et de client-prostituteur. La traite est devenue un moyen de répondre aux désirs d’hommes (dans 97% des cas) en matière de violence sexuelle. Dans une situation de domination totale, sans passeport et aucune liberté, on ne peut comprendre la prostitution comme une simple relation sexuelle entre deux acteurs égaux impliquant une transaction financière, puisque les femmes victimes de traite ne sont en aucune mesure sur un pied d’égalité que ce soit avec leur client-prostituteur ou avec leur proxénète.

 

Médiapart, « Traite des êtres humains : l’Etat se désintéresse des victimes vietnamiennes », 11 février 2024.
Monica O’Connor 2018, p.18-19.
Nations Unis, « Protocole additionnel à la Convention des Nations Unis contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ».
Immigrant Concil of Ireland, « Stop Traffick ».

Anarkali Honaryar est docteure en médecine dentaire, parlementaire et militante des droits humains en Afghanistan. Elle commence sa carrière comme médecin, mais elle devient rapidement membre de la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan en 2004. Elle siège au Parlement afghan, où elle représente la minorité sikh hindoue, et elle représente l’Afghanistan au Conseil de paix. Elle reçoit le prix UNESCO pour la promotion de la tolérance et de la non-violence. Mais le 15 août 2021 tout s’arrête, avec l’arrivée des talibans elle est forcée à l’exil, et elle doit abandonner une partie de sa famille.

Anarkali Honaryar se bat contre toutes les discriminations, qu’elles soient fondées sur le sexe ou sur la religion. Elle se reconnaît dans ces combats qui sont, pour elle, essentiels en tant femme de la minorité religieuse sikh hindoue. Dès son enfance, elle se questionne sur les discriminations qu’elle ne comprend pas et s’engage et milite. Pour avoir étudié et travaillé, elle est menacée par les talibans, et subit de la violence dès un très jeune âge. Elle n’est pas musulmane, mais dans son travail, elle est amenée à travailler beaucoup pour les femmes musulmanes. Elle explique qu’avant l’arrivée des talibans une proximité avait fini par se créer et que la religion qui représentait pourtant une barrière au début, disparaît au profit de la complicité.

Pendant vingt ans, elle a travaillé à mettre en place des lois pour les femmes et les minorités religieuses. Mais l’arrivée des talibans au pouvoir a tout balayé. Aujourd’hui les femmes sont à nouveau arrêtées et emprisonnées dès qu’elles se battent pour leurs droits. C’est pourquoi, pour Anarkali Honaryar, le féminisme c’est la lutte pour la liberté et contre l’injustice, mais c’est également un combat pour la démocratie. 

Aujourd’hui, elle rêve d’être reconnue comme une afghane à part entière et non comme une hindoue, qu’elle cesse d’être discriminée pour sa religion ou sa langue. Elle raconte que lorsqu’elle était petite, sa mère lui faisait signe de ne pas parler au marché, alors elle se taisait. Aujourd’hui, elle voudrait que les filles puissent parler librement. Elle rêve du retour de la paix, que le sexe ou la religion ne soit plus des moyens de discriminations et pour cela elle demande le soutien de toutes les associations féministes internationales pour ressusciter les acquis de ces vingt dernières années avant l’arrivée des talibans.



Pour écouter le podcast « Femmes engagées » par Femmes du monde sur Anarkali Honaryar, cliquez ici


Le film « Les filles d’Olfa » réalisé par Kaouther Ben Hania.

Le 20 février 2024, le jury du Prix Alice Guy s’est réuni et a couronné le film Les filles d’Olfa de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania. Ce film a également été récompensé de l’Oeil d’Or à sa sortie et du prix de la Citoyenneté et du Cinéma Positif.

Ce film documentaire raconte l’histoire d’une femme, Olfa, mère de quatre filles. Les deux plus âgées ont quitté le foyer pour aller en Libye, embrigadées par l’Etat islamique. Elles ont essayé d’emmener avec elles les deux plus jeunes mais n’ont pas réussi. Mais l’Etat islamique est défait, et les deux filles sont emprisonnées. L’une donne même naissance en prison. Elles sont toujours incarcérées.

Dans ce film qui est au croisement du documentaire et de la fiction, Kaouther Ben Hania confronte les vraies personnes, Olfa et ses deux filles, à leur double joué par des actrices. Le film est donc un huis clos de six femmes, mêlant réalité et fiction. Il expose de l’intérieur la violence et le désarroi du personnage d’Olfa, à la fois victime et bourreau, aimant et violentant ses filles. Pour Le Monde ce film est « une histoire générale d’aliénation intégrale du féminin dans une société ultra-patriarcale, et dans la réponse particulière que lui aura donnée Olfa, victime reproduisant sur elle-même et sur ses filles la marque de la domination masculine ».

 

 

 

Le Monde, « Cannes 2023: les filles d’Olfa, six femmes sur un plateau pour raconter une terrible déchirure familiale ».