Revue de presse féministe & internationale du 20 au 26 janvier
26 janvier 2024APPEL AU RASSEMBLEMENT – Journée du 8 mars 2024 – Face aux attaques du gouvernement, des droites et extrêmes droites, partout les femmes résistent !
6 février 2024Revue de presse féministe & internationale du 27 janvier au 2 février
PALESTINE
Les femmes dans la bande de Gaza : une situation intenable.
Le 19 janvier 2024, UN Women a publié un rapport sur la situation des femmes palestiniennes dans la bande de Gaza. Ce rapport est alarmant et il est essentiel d’attirer l’attention de la communauté internationale pour répondre à cette crise majeure.
Si on considère traditionnellement que les hommes sont davantage touchés par les guerres, il est nécessaire de remettre en perspective ce préjugé car ce sont les femmes qui en sont en réalité les premières victimes, surtout depuis la fin des guerres de position, et le recours massif aux bombardements, préférés aux offensives terrestres. C’est le cas d’Israël qui bombarde depuis les attentats du 7 octobre la bande de Gaza, et qui est aujourd’hui accusé par l’Afrique du Sud de génocide.
Depuis cette date, 24 620 palestinien·nes ont été tué·es dans la bande de Gaza. 70% d’entre eux étaient des femmes et des enfants, alors qu’entre 2008 et le 7 octobre 2023, moins de 14% des victimes étaient des femmes. Les morts changent de sexe. 3 000 femmes doivent désormais subvenir aux besoins de leur famille, dans une situation où nous faisons actuellement face à un risque imminent de famine. Le Comité d’examen de la famine (FRC) estime que la phase 5 d’insécurité alimentaire aiguë est dépassée. Également, 1,9 million de personnes ont été déplacées, dont 1 million de femmes et de filles qui se retrouvent aujourd’hui sans abri ni protection d’aucune sorte. Or, les femmes en situation de déplacement sont plus vulnérables, et font face à des risques et des dangers spécifiques en raison de leur sexe. Par exemple, beaucoup s’inquiètent des mariages précoces, notamment dans le cas des jeunes filles ayant perdu leurs deux parents et dont la famille étendue ne peut subvenir aux besoins.
Les femmes et les filles ont des besoins spécifiques en termes de protection, de sécurité et de santé puisqu’elles vivent des situations à risque spécifique. Dix organisations de femmes sur douze continuent de fonctionner partiellement dans la bande de Gaza. Elles distribuent de quoi répondre aux besoins de première nécessité, protègent les jeunes filles et documentent la situation, mais les efforts déployés sont loin d’être suffisants au regard de la situation sans soutien économique. 0,09% des fonds de soutien envoyés par les diverses ONG ont été versés à des organisations nationales ou locales de défense des femmes. Il est essentiel d’augmenter ce chiffre dérisoire qui laisse les femmes et les filles dans une situation de vulnérabilité extrême.
Le 30 janvier, Médecin sans Frontières a publié un rapport sur les femmes enceintes à Gaza. 52 000 sont aujourd’hui confrontées à la pénurie d’hôpitaux car les bombardements touchent spécifiquement les espaces de soins. Les femmes accouchent sous des tentes en plastique, dans des bâtiments abandonnés, souvent seules, et celles qui réussissent à se faire accepter à l’hôpital pour complications sont renvoyées immédiatement après l’opération terminée – il s’agit souvent de césariennes -, sans suivi médical. Avec cette famine imminente, les femmes sont mal nourries et les nourrissons risquent fortement de développer des séquelles à long terme. Plus d’un tiers des patientes en demande de soins prénataux sont anémiées, la plupart sont en carence de fer, et près de la moitié souffrent d’infections génito-urinaires. Il y a un énorme besoin en soins. Les mères et les nourrissons sont très exposés.
Aujourd’hui, 45% de la population gazaouie est recueillie dans les écoles, cliniques et autres bâtiments publics pris en charge par l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East). L’agence emploie 30 000 palestinien·nes, dont 13 000 gazaoui·es, en charge des besoins humanitaires. Et la population de la bande de Gaza a besoin plus que jamais de cette agence au regard de la situation sanitaire déplorable et des besoins grandissants de la population au seuil de la famine. Sur ces 30 000 membres d’UNRWA, Israël aurait établi que 12 auraient participé aux attaques du 7 octobre. Suite à ces allégations, Joe Biden a affirmé renoncer au financement de l’agence, quelques heures après que la Cour internationale de justice ait ordonné à Israël d’arrêter toute action qui pourrait relever du génocide, suite à l’interpellation de la Cour par l’Afrique du Sud.
Il est urgent de, non seulement de reprendre ce financement, mais également de l’augmenter, et d’en verser une importante partie aux organisations nationales et locales de défense des femmes. La situation dans laquelle elles se trouvent est critique, il faut agir.
United Nations Report #85, « Hostilities in the Gaza Strip and Israel | Flash Update #85 », 5 janvier 2024.
Reuters, « What is UNRWA and why are some countries suspending its funding? », 31 janvier 2024.
Doctors without borders, « Maha gave birth in a public bathroom. Her story is not unique in Gaza », 30 janvier 2024.
INTERNATIONAL
Les avancées numériques et l’égalité hommes-femmes.
Le développement des intelligences artificielles pose la question de l’égalité, premièrement en raison des représentations des sexes qu’elles véhiculent, et deuxièmement en raison de l’accès genré à ces nouvelles technologies.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les intelligences artificielles ne sont ni neutres ni objectives, pour la simple raison qu’elles apprennent et se comportent – ou réagissent -, à partir des données disponibles sur internet dont elles se nourrissent. Or, ces données sont pour beaucoup erronées et empreintes d’un profond sexisme alimenté par de nombreux stéréotypes de genre, qui se répercutent dans les comportements des intelligences artificielles. Par exemple, Courrier International avait révélé la semaine dernière que le pendant autrichien du Pôle emploi français, avait eu recours à Chat GPT pour orienter les demandeur·euses d’emplois et étudiant·es vers des métiers correspondant à leur parcours académique et professionnel. Il a été observé que les hommes étaient beaucoup plus facilement orientés vers les domaines scientifiques et informatiques, alors que les femmes étaient orientées vers les domaines des études de genre et de la restauration, alors que les parcours des personnes de sexe différent étaient sensiblement les mêmes. Ainsi, non seulement les intelligences artificielles reproduisent des stéréotypes de genre, mais en plus, elles ferment la porte à l’entrée des femmes dans le milieu de la technologie dominé par les hommes.
Or, ce sexisme n’est ni anodin ni inoffensif, et d’autant plus s’il est utilisé à des fins de sexualisation. Les avancées technologiques, notamment avec la vulgarisation des intelligences artificielles, due à leur facilité d’accès et à la gratuité des services, permettent aujourd’hui de créer de fausses images à partir d’images réelles présentent sur internet, et peuvent donc créer du contenu pornographique à la demande. C’est ce qui est arrivé à Taylor Swift il y a quelques jours. Des faux « nudes » (photos nues) générés par une intelligence artificielle se sont répandus sur toute la toile, dont une comptabilisant 45 millions de vues sur X (anciennement Twitter). Ce phénomène de « deepfake », c’est-à-dire de diffusion de fausses images, pas nécessairement de nature pornographique bien que ce soit souvent le cas quand il s’attaque aux femmes, avait déjà touché des actrices comme Emma Watson et Scarlett Johansson. Mais, il est aujourd’hui d’autant plus alarmant que les équipes chargées de modérer le contenu sur les réseaux sociaux sont progressivement réduites par les grands groupes, ce qui laisse de plus en plus de place à la non-régulation du contenu. Également, la législation existante s’applique aujourd’hui en grande partie aux images pornographiques réelles, et non à celles générées par les intelligences artificielles. Or, il est urgent de réguler ce contenu puisque la grande majorité du contenu « deepfake » est de nature pornographique.
Il existe néanmoins une législation européenne : une étude de plus d’une centaine de pages a été rédigée par les services de recherche du Parlement européen sur le sujet intitulé « Lutter contre les « deepfake » dans les politiques européennes ». Le rapport établit que pour lutter efficacement contre les « deepfake » il est nécessaire de renforcer le cadre législatif proposé par la Commission européenne encadrant l’intelligence artificielle, mais que, loin de se concentrer exclusivement sur sa dimension technologique, il est essentiel de prendre des mesures politiques. En effet, les effets de ces « deepfake » pornographiques sont dévastateurs. Les auteurs du rapport expliquent que :
« scripting an individual into fake porn not only undermines their personal integrity and human agency, but also ‘reduces them to sexual objects, engenders feeling of embarrassment and shame, and inflicts reputational harm that can devastate careers’”
“ créer du faux contenu pornographique à partir d’une personne porte non seulement atteinte à son intégrité personnelle et à ses actions, mais « le réduit également à un objet sexuel, engendre un sentiment d’embarras et de honte et porte atteinte à sa réputation ce qui peut dévaster des carrières ».
Bilan de l’intelligence artificielle : les inégalités entre les femmes et les hommes en sortent exacerbées et les stéréotypes renforcés !
Courrier International, « IA. Le bot du Pôle emploi autrichien refuse d’orienter les femmes vers l’informatique », 21 janvier 2024.
The Washington Post, « How Taylor Swift’s legions of fans fought back against fake nudes », 26 janvier 2024.
Parlement Européen, « Tackling deepfakes in European policy ».
ARGENTINE
Un nombre record de féminicides dans un pays où les droits des femmes régressent.
Selon un nouveau rapport, les féminicides ont augmenté de 33% en 2023 en Argentine, où les droits des femmes sont mis à rude épreuve par le nouveau président. Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2023, Javier Milei tente en effet de revenir sur plusieurs droits, notamment l’accès à l’IVG et la protection des femmes victimes de violence.
Le rapport annuel de l’Observatoire des féminicides de la Defensoría del Pueblo de la Nación, équivalent du Défenseur des Droits en France, a été publié ce mois-ci. Il recense toutes les victimes de féminicide dans le pays, y compris les « suicidios feminicidas », les suicides forcés de femmes victimes de violences systématiques. Ce rapport dénombre 322 féminicides commis en Argentine en 2023. Un triste record en nette augmentation par rapport à l’année précédente, où le rapport avait enregistré 242 femmes tuées. L’institution alerte sur le fait que le nombre de féminicides a même battu le record de l’année 2020, où le nombre de femmes tuées avait considérablement augmenté dû à la pandémie du Covid-19.
L’Argentine n’est malheureusement pas un cas isolé sur le continent latino-américain, connu pour ses taux élevés de violence à l’égard des femmes. Selon les chiffres de l’Observatoire de l’égalité de genre pour l’Amérique latine et les Caraïbes, plus de 4 050 féminicides ont été commis en 2022 dans la région. L’Argentine se place au quatrième rang en matière de nombre absolu de féminicides, juste après le Brésil, le Mexique et le Honduras. Selon le Défenseur des Droits argentin, les principales causes du taux élevé de féminicides sont la culture patriarcale très ancrée en Argentine, ainsi que la culture d’impunité et la forte prévalence des stéréotypes de genre dans la société.
Cependant, si le fléau des féminicides touche tous les pays d’Amérique latine, il est particulièrement inquiétant en Argentine, où les droits des femmes sont attaqués par le nouveau président et son gouvernement, faisant craindre une baisse du niveau de protection pour les femmes victimes de violence.
En effet, une des premières mesures prises par Javier Milei après son investiture en décembre dernier a été de supprimer le ministère des Femmes, des Genres et des Diversités. La décision de le rétrograder au rang de sous-secrétariat d’État et la baisse du budget alloué à ses missions symbolise la position très conservatrice du président argentin, selon lequel « la violence n’a pas de genre ». Aujourd’hui, c’est la loi dite Micaela, qui porte le nom d’une victime de féminicide, qui est remise en cause par le chef de l’Etat : il souhaite réduire son champ d’application en remplaçant la formation obligatoire des fonctionnaires sur les violences sexistes par une formation se limitant aux « violences familiales ».
Ces dernières semaines, Javier Milei a également attaqué le droit à l’avortement, gagné après des décennies de luttes féministes en 2020. Lors du Forum économique de Davos, il a évoqué « l’agenda sanglant de l’avortement » dans un discours. Le président a également signé un décret faisant de 2024 l’année de « la défense de la Vie, de la Liberté et de la Propriété ». Cependant, son projet de pénaliser à nouveau l’accès à l’IVG sera compliqué à mener, étant donné que son parti est ultra-minoritaire au Congrès, à qui revient la décision.
The Guardian, « ‘I can’t face now how much she suffered’: Argentina femicides at record high as Milei dilutes protections », 30 janvier 2024.
RFI, « Argentine: un vent mauvais souffle sur les droits des femmes sous la présidence Milei », 30 janvier 2024.
SOUDAN DU SUD
« Au Soudan du Sud, les femmes sont plus susceptibles de mourir en couches que de finir le lycée », The Guardian.
Le 25 janvier, le journal The Guardian livre une étude sur la situation catastrophique des femmes soudanaises, notamment enceintes et mères, suite aux réductions progressives des financements britanniques depuis 2020 mettant un terme aux programmes d’aide et de santé sexuelle et reproductive. Aujourd’hui, le rapport établit qu’une femme a plus de chance de mourir en couches que de finir le lycée.
Le 15 avril 2023, le conflit armé a éclaté à Khartoum, la capitale soudanaise, avant de se répandre dans tout le pays entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (FSR), groupe militaire indépendant. Les deux armées ont régulièrement recours à des armes explosives dans des zones densément peuplées, si bien que l’ONU comptabilise en septembre 2023, 9 000 morts depuis le début du conflit. Mais ce chiffre est bien en dessous des estimations, et il ne fait qu’augmenter depuis. S’ajoute à cela 5,2 millions de personnes déplacées, dont 4,1 millions à l’intérieur du pays, et plus d’1 million dans les pays voisins, notamment au Tchad où se trouve des campements de réfugiés.
Les femmes sont très vulnérables dans de telles conditions. Depuis le début du conflit, à Khartoum et au Darfour, les violences sexuelles se sont démultipliées. Les membres du FSR ont notamment été à l’origine de nombreux viols à l’encontre des Massalit, principale ethnie non-arabe de la région, dans la capitale du Darfour occidental El Geneina alors que les femmes fuyaient les combats. Dans un tel contexte de guerre communautaire entre deux ethnies le viol est un outil de terreur.
Les femmes victimes de ces violences racontent qu’elles les ont subis en raison de leur appartenance ethnique, puisque les viols sont accompagnés d’insultes à caractère racial. Une étudiante de 20 ans livre son témoignage à Human Rights Watch. Le 24 avril à El Geneina, cinq hommes ont pénétré chez elle et lui ont demandé de quelle tribu elle était. Avec ses amies, elles ont menti et dit qu’elles étaient Bargu. Un des hommes lui a alors répondu : « Non, vous êtes Massalit, vous êtes Nuba [terme utilisé pour signifier à la fois rebelle et non-arabe] ». Et deux des hommes l’ont violée.
La Cour pénale internationale a fait le constat suivant : « Rape is an integral part of the pattern of destruction that the Government of the Sudan is inflicting upon the target groups in Darfur.” “Le viol fait partie intégrante du schéma de destruction que le gouvernement du Soudan inflige à des groupes ciblés du Darfour ».
Le 2 novembre 2023, le Bureau des Nations Unies pour les droits de l’homme au Soudan fait état d’au moins 105 victimes de violences sexuelles. 70% sont attribués à des hommes du FSR. Le rapport des Nations Unies fait également état d’enlèvements de femmes et de filles, de mariages forcés, et de prise d’otage en vue de l’obtention d’une rançon. Les conditions de détention de ces captives sont très difficiles : des témoignages rapportent que les femmes seraient enchainées sur des camionnettes et dans des voitures. Selon le même rapport, ces conditions se rapprocheraient de l’esclavage.
Après de telles violences, les femmes doivent recevoir des soins médicaux d’urgence, un soutien psychologique ainsi qu’une assistance juridique, mais les infrastructures pour les accueillir sont de moins en moins soutenues. Le retrait de l’aide donnée par le gouvernement britannique a fermé de nombreux centres d’aide. Le Royaume-Uni a réduit son aide publique au développement de 11,7 milliards de livres sterling en 2019 à 7,6 milliards en 2022. Le financement de la santé et des droits sexuels et reproductifs a quant à lui été réduit d’un tiers.
La député travailliste de Rotherham Champion a déclaré :
“It is no good the new foreign secretary coming into parliament and declaring that the UK is still a global aid superpower when we are failing on funding commitments, failing to set or achieve meaningful targets on sexual and reproductive health and rights – failing women, girls and marginalised groups the world over.”
« Cela ne sert à rien que le nouveau ministre des Affaires étrangères entre au Parlement et déclare que le Royaume-Uni est toujours une superpuissance mondiale en matière d’aide alors que nous ne respectons pas nos engagements financiers, ne parvenons pas à fixer ou à atteindre des objectifs significatifs en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs – en négligeant les femmes et les filles, et les groupes marginalisés du monde entier ».
The Guardian, « Horrifying numbers of women and girls will die because of UK aid cuts, say MPs », 25 janvier 2024.
Human Rights Watch, Rapport 2024.
Nations Unies, « Soudan : des rapports alarmants font état de femmes et de filles enlevées, mariées de force, et retenues en otage pour obtenir une rançon, 3 novembre 2023.
Le festival d’Angoulême, qui met à l’honneur la bande dessinée, existe depuis cinquante ans, mais c’est seulement la cinquième fois que le grand prix est obtenu par une femme. Cette année, le grand prix récompense le travail d’une artiste incroyable : Posy Simmonds.
Cette bédéiste travaille avec le journal The Guardian depuis 1972, mais elle se fait connaître en France avec la publication de Gemma Bovary en 2000. Cette grande admiratrice de Flaubert est à l’origine de la BD adaptée en France au cinéma, avec en tête d’affiche Fabrice Luchini et Gemma Arterton. Cette francophile britannique est ravie d’être mise à l’honneur par le festival français. Elle regrette néanmoins le peu d’inclusivité du festival dans un entretien accordé au Point :
« Dans un monde parfait, le sexe d’un lauréat ne devrait pas être remarquable, et ne devrait pas avoir à être mentionné… mais c’est un monde imparfait. La BD a toujours été un bastion masculin. Peu à peu, et surtout au cours des dernières décennies, les femmes ont infiltré le Boys’ Club, et je suis heureuse d’être l’une d’entre elles. »
La bande dessinée reste un milieu très masculin, où le sexisme est très présent et où les femmes sont peu représentées. Mais aujourd’hui, cette reconnaissance internationale accordée à une artiste donne bon espoir pour la suite !
Le Point, « Le festival d’Angoulême : Posy Simmonds récompensée par le Grand Prix 2024 », 24 janvier 2024.
Les femmes dans le milieu de la bande-dessinée.
Cette semaine nous vous recommandons le superbe documentaire « Deuxième sexe et 9ème art » disponible gratuitement sur France. Tv. Ce documentaire expose les difficultés que rencontrent les autrices de bandes dessinées, qui sont souvent marginalisées et invisibilisées en raison de leur sexe. Il présente cinq autrices qui prennent la parole pour la première fois.
Les femmes artistes tentent de tout temps pour rentrer dans l’histoire de l’art, faite par les hommes et qui ne retient que les hommes. Les autrices luttent non seulement professionnellement pour se faire une place dans ce milieu très masculin, et mais également pour modifier les codes du dessin décrétés par les hommes.
En effet, la bande dessinée présente de nombreux stéréotypes décidés par des hommes quant à la représentation des femmes qui doivent physiquement présenter un certain nombre de normes pour correspondre aux codes du personnage principal, de la sorcière ou de la fée par exemple. Claire Bretécher au début des années 70’, renverse ces codes, libère les personnages féminins des injonctions physiques et tourne en ridicule la mythologie des contes de fée. Dans les années 70’, le retournement des codes se fait par le rire, il s’agit de tourner en dérision les codes traditionnels, l’austérité et le sérieux des institutions, et de laisser fleurir l’imagination révolutionnaire de ces artistes féministes.
Aujourd’hui, les autrices poursuivent ce travail en remodelant les codes, il s’agit de trouver une sensualité nouvelle qui ne s’incarnerait pas dans les clichés traditionnels et qui arriverait à trouver une autre forme de beauté. C’est notamment ce que cherche à faire Laureline Mattiussi dans sa BD L’Île au Poulailler qui présente un personnage principal féminin : une pirate, grossière et pugnace. Or, redéfinir le beau, dans la bande dessinée comme dans les autres arts, c’est aussi sortir les personnages féminins de ce prisme à travers lequel elles sont perçues, et, par extension, c’est aussi libérer les femmes de cette injonction à la beauté.
France.Tv, « Deuxième sexe et 9ème art ».