Les femmes et les réseaux sociaux : entre moyens d'action solidaires et cybersexisme
Les techniques ont toujours influencé le cours de l’Histoire mais depuis quelques décennies, les technologies de la communication, particulièrement les réseaux sociaux, ont infléchi et accéléré les évolutions sociales et politiques partout dans le monde. Comment les femmes ont elles été concernées par cette «révolution numérique » ?
La diffusion instantanée et planétaire de l’information grâce aux réseaux sociaux permet des réactions rapides, mondialisées et génère des moyens d’actions et de solidarités d’autant plus efficaces pour les femmes, qu’elles sont très présentes sur ces réseaux sociaux. Ainsi, elles ont pu se retrouver nombreuses pour des luttes émancipatrices et de nouvelles formes de sororité ont pu émerger. En revanche, les réseaux sociaux peuvent être utilisés pour renforcer les violences déjà infligées et développer des violences, parfois virtuelles certes, mais dont les conséquences sont bien réelles et ont un impact sur la vie des femmes.
Ce sont les réseaux sociaux qui ont permis aux bloggeuses des « printemps arabes » en 2011, de s’exprimer et de faire mieux connaître la condition des femmes dans des pays de tradition et de culture encore patriarcale et inégalitaire. L’an dernier, le mouvement «Me Too» n’a pu déclencher une dénonciation planétaire des violences sexuelles et sexistes que grâce à Facebook et autres Twitter.
Cependant, parallèlement le cybersexisme n’a cessé de croître, car les réseaux sociaux rendant l’intime public peuvent être vecteurs de violences envers les femmes : de la violation du respect de la vie privée à la surveillance et au harcèlement psychologique et moral.
De plus, les réseaux sociaux peuvent inciter à uniformiser les prises de position qui se résument en un hashtag et à minimiser le temps de réflexion, ils peuvent donc entraîner une radicalisation des points de vue. Et un partage donné en un clip signifie-t-il un réel soutien sinon un engagement ?
Ce risque d’une « schématisation » de la pensée, sinon d’une instrumentalisation des informations peut avoir des conséquences politiques aussi dangereuses pour les droits et les libertés des femmes (comme pour les droits humains en général, d’ailleurs) que l’action rapide et solidaire peut y être favorable. L’influence de whatsapp et autres applications gratuites dans les victoires électorales de partis hostiles aux droits des femmes, en Europe et en Amérique, en témoignent.
Cette formation - qui a reposé sur une grande inter-activité avec les intervenantes ainsi qu'entre les participantes - a porté donc sur les moyens d'optimiser le recours à ces médias, et s'est interrogé aussi sur les possibilités de combattre les violences qu’ils peuvent potentialiser.
Organisation de la Formation:
Cette action est conduite en partenariat avec le Conseil d'Orientation de l'Institut Emilie du Châtelet.
Dans un premier temps, trois expertes de ces questions sont intervenues sur les diverses facettes de la thématique.
Une fois que les termes de la problématique ont été posés, les participantes étaient invitées à réagir à ces informations, par des questions et/ou des commentaires, auxquels les intervenantes ont répondu.
Déroulement de la session, nom des expertes et intitulé de leurs interventions:
18h00 Présentation de l'action de formation-débat par Monique HALPERN, co-présidente du Conseil d'Orientation de l'IEC, et Nicole SAVEY, membre du CO de l'IEC, qui animera la session avec Huguette KLEIN, présidente de REFH et membre du CA de la CLEF. Les participantes se présentent.
18h30 Mathilde GROAZIL, chercheuse en sciences de l'information et de la communication, a introduit la problématique générale, avec une présentation du Panorama du web féministe.
19h00 Rebecca AMSELLEM, fondatrice du réseau "Les glorieuses", a indiqué comment les femmes peuvent tirer un parti positif des réseaux sociaux, à partir de l'expérience des Glorieuses de mobilisation des femmes au travail pour qu'elles "arrêtent" leur année de travail dés le mois de novembre.
19h30 Louise DELAVIER, co-fondatrice du réseau « En avant toutes », ait intervenu sur Le sexisme en ligne.
20h00-21h15 Echange inter-actif entre les intervenantes et les participantes
21h15-21h30 Conclusion de la séance