Revue de presse féministe & internationale du 15 au 19 septembre 2025

Revue de presse féministe & internationale du 08 au 12 septembre 2025
12 septembre, 2025
Revue de presse féministe & internationale du 08 au 12 septembre 2025
12 septembre, 2025

Revue de presse féministe & internationale du 15 au 19 septembre 2025


NÉPAL

 Sushila Karki, première femme à la tête du gouvernement népalais

Au terme d’une semaine de manifestations, le Népal a nommé pour la première fois une femme à la tête de son gouvernement. Ancienne Présidente de la Cour Suprême, Sushila Karki dirigera la transition jusqu’aux élections de mars 2026.

   Le Népal a été secoué par une crise politique profonde. La révolte a éclaté à Katmandou lundi 8 septembre dernier, lorsque la police a ouvert le feu sur de jeunes manifestant·es qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux, la corruption des élites et le chômage. Suite à l’indignation de la population, ces protestations se sont rapidement transformées en une crise politique majeure accompagnée de violences meurtrières, ayant fait au moins 72 mort·es et 191 blessé·es, selon un nouveau bilan gouvernemental communiqué dimanche.

Au terme d’une semaine de troubles, le président Ramchandra Paudel a dissous le Parlement, tandis que le Premier ministre, Khadga Prasad Sharma Oli, a présenté sa démission.

C’est dans ce contexte instable que le Népal a connu un moment historique : la nomination de la première femme cheffe du gouvernement.

En effet, ce vendredi 12 septembre, Sushila Karki, ancienne présidente de la Cour suprême reconnue pour son engagement anticorruption, a été nommée cheffe du gouvernement par intérim pour 6 mois maximum, en attendant les élections anticipées prévues le 5 mars 2026. Sa nomination est intervenue après deux jours de négociations intenses entre le président Paudel, le chef de l’armée Ashok Raj Sigdel et les leaders des manifestations.

Qui est Sushila Karki ?

Âgée de 73 ans et ancienne présidente de la Cour suprême, elle s’est imposée comme figure de transition grâce à sa réputation d’intégrité et de défense de l’indépendance judiciaire dans un contexte politique sous tension.

Née en 1952 à Biratnagar, grande ville industrielle de l’est du Népal, Sushila Karki a suivi de brillantes études en sciences politiques et en droit à Katmandou. Elle entame sa carrière d’avocate en 1979 et devient, en 2016, la première et seule femme présidente de la Cour Suprême, juste avant son départ à la retraite. Sa nomination est alors perçue comme un symbole fort de l’émancipation des femmes (Ouest France).

En 2017, le gouvernement tente de la destituer après son refus d’approuver la nomination du chef de la police choisi par l’exécutif. Une procédure qualifiée de « politiquement motivée » par l’ONU, finalement abandonnée.

Au début de l’année 2025, la juge Karki avait dénoncé avec force l’ampleur de la corruption, dans un discours qui résonne aujourd’hui comme prémonitoire. « La corruption est partout, mais nous nous taisons », regrettait-elle, avant d’appeler la jeunesse à prendre la parole, à ouvrir la voie et à se présenter aux élections.

Selon le journal Ouest France, son nom s’est rapidement imposé pour représenter les milliers de jeunes manifestants qui ont pris la rue sous la bannière de la « Génération Z », et diriger la transition politique.

Elle reconnaît d’ailleurs que sa nomination est directement liée à cette mobilisation : « Je ne souhaitais pas ce poste. C’est la rue qui a porté mon nom. Nous devons agir dans l’esprit de la génération Z, qui réclame la fin de la corruption, une gouvernance juste et l’égalité économique » (Le Figaro).

La nomination d’une femme à l’un des postes les plus importants du pays représente une étape majeure, d’autant plus dans un contexte où la représentation politique féminine reste limitée.

 

“Népal : une première femme à la tête du gouvernement après la révolte des jeunes”, Euronews, AP, 14 septembre 2025.

“PORTRAIT. Qui est Sushila Karki, la Première ministre du Népal nommée au lendemain des émeutes ?”, Ouest-France, 14 septembre 2025 

“Sécurité, commerce… Au Népal, la nouvelle dirigeante Sushila Karki doit naviguer entre l’Inde et la Chine”, Figaro International, 16 août 2025

“Au Népal, Sushila Karki, nouvelle première ministre, promet de « travailler en accord avec la pensée de la génération Z »”, Le Monde, 14 septembre 2025

 


FRANCE

Budget 2026 : les femmes, premières victimes des coupes budgétaires 

Les politiques d’austérité et les coupes budgétaires renforcent les inégalités de genre en frappant plus fortement les femmes, à la fois dans leur emploi, leur quotidien et leur accès aux droits et services, tout en fragilisant la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

    Dans une tribune publiée par Libération le lundi 15 septembre 2025, plusieur·es responsables syndicales et associatives — parmi elles la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, la secrétaire de la CFDT Marylise Léon, ou Maïna Cerniawsky, secrétaire générale et porte-parole de l’association Osez le féminisme ! — dénoncent le caractère « sexiste » des économies budgétaires, qui affaiblissent les services publics et frappent « deux fois les femmes », qu’elles soient agentes ou usagères.

En effet, comme le soulignent les signataires, les secteurs de la santé, de l’éducation, du social, du soin et de la culture — souvent sous-valorisés et fortement touchés par les coupes budgétaires — sont massivement féminisés. Elles appellent donc le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, à renoncer à l’« année blanche » sur les salaires et à la suppression de postes, mesures qui surchargent les agentes, fragilisent leurs carrières et réduisent leur pouvoir d’achat.

L’année blanche signifie que les fonctionnaires ne bénéficient pas de revalorisations ou d’augmentations prévues pour cette année.

Aussi, étant donné que les femmes s’occupent majoritairement des tâches ménagères et familiales au sein de leur foyer, y consacrant une heure trente de plus par jour que les hommes, selon l’Observatoire des inégalités, les femmes sont encore une fois les premières qui sont et seront touchées par la fermeture et les manques de moyens des services publics (manque de maternités de proximité, places en crèche, etc.).

« Chaque service supprimé accroît leur charge mentale, allonge leurs déplacements et limite leur autonomie économique. Moins de services publics, c’est plus de charge qui leur incombe au prix de leur autonomie économique et de leur santé ».

Aussi, les mères isolées, bénéficiaires du RSA ou du minimum vieillesse, seront les premières à pâtir du gel des aides et des prestations sociales. Comme le rappelle la tribune, 94 % des familles monoparentales ayant des femmes à leur tête perçoivent le RSA.

La tribune dénonce la violence économique liée à la grossesse : depuis le 1er mars 2025, un décret réduit de 10 % le salaire des agentes publiques en congé maladie ordinaire, affectant particulièrement les femmes enceintes et renforçant leur précarité, sans mesures de protection spécifiques. 

Enfin, la baisse des budgets des associations féministes fragilise l’aide aux victimes et freine la prévention. Moins de moyens signifient moins de places et un accès limité aux droits, laissant de nombreuses femmes isolées.

Ainsi, pour lutter contre cette politique qui ne fera que renforcer les inégalités de genre, accroître la précarité des femmes et fragiliser la lutte contre les violences sexistes, le collectif a d’ailleurs appelé à la mobilisation du jeudi 18 septembre.

 

Un collectif de responsables syndicales et d’associations, “L’austérité budgétaire est sexiste, par Sophie Binet, Marylise Léon et des responsables syndicales et d’associations féministes”, Libération, 15 septembre 2025

“Budget 2026 : les économies demandées vont surtout pénaliser les femmes, dénonce une tribune”, France Info, 15 septembre 2025

Observatoire des inégalités, “Partage des tâches domestiques : les progrès sont lents”, 7 mars 2025 


ANGLETERRE

  Rapport parlementaire : les femmes noires face aux discriminations dans les services de maternité en Angleterre

Un récent rapport parlementaire, intitulé Black Maternal Health, publié le 17 septembre 2025, souligne que le racisme systémique continue d’affecter l’accès aux soins de maternité pour les femmes noires en Angleterre. Il met en évidence des inégalités structurelles et des manquements dans la prise en charge, appelant à des mesures pour garantir des soins équitables et sûrs pour toutes.

    Les chiffres extraits du rapport le montrent clairement : à travers le Royaume-Uni, les femmes noires ont plus du double de risques de mourir lors de l’accouchement comparativement aux femmes blanches, tandis que les bébés nés de mères noires présentent un risque accru de mortinatalité.

Le rapport du comité de la Santé et des services sociaux de la Chambre des communes met en évidence des inégalités de traitement, révélant que les femmes noires subissent des résultats maternels disproportionnellement défavorables en raison de défaillances systémiques dans le leadership, la formation, la collecte de données et la responsabilité, aggravées par des biais et des stéréotypes parfois basés sur des suppositions racistes.

Interviewée par ITW News, Sandra Igwe, fondatrice de The Motherhood Group, organisation qui soutient l’expérience maternelle des femmes noires, a déclaré : « J’ai entendu de nombreux cas de mères à qui l’on disait qu’elles n’avaient pas besoin de soulagement de la douleur parce qu’elles étaient plus fortes, parce qu’elles étaient des femmes noires ou africaines. »

Le rapport fait écho aux constats de l’organisation Five X More, qui souligne que les femmes noires sont trop souvent ignorées lorsqu’elles expriment leurs inquiétudes durant l’accouchement. Selon l’organisation, il est essentiel de s’attaquer à ces défaillances systémiques et de garantir enfin une prise en charge équitable.

Interviewée par The Guardian, Tinuke Awe, cofondatrice de Five X More, salue le rapport du comité et rappelle le « besoin urgent » d’agir. « Trop longtemps, les femmes noires ont été ignorées dans les soins de maternité. Les recommandations de ce rapport montrent que le changement se fait attendre depuis trop longtemps. Le moment d’agir est venu : corrigez ces défaillances pour les femmes noires comme pour toutes les femmes », insiste-t-elle.

Suite à cela, le comité a jugé « indéfendable » l’absence de formation obligatoire à la compétence culturelle et appelle à la rendre systématique, afin d’améliorer concrètement la prise en charge et l’accompagnement des femmes noires tout au long de leur parcours de maternité.

Thomas, Tobi. “Systemic racism affects maternity care for black women in England, say MPs”, The Guardian, 17 septembre 2025

Rapport parlementaire, Black Maternal Health, Uk Parliament, 17 septembre 2025

“Black women ignored and ‘not taken seriously’ in maternity care, MPs say”, ITV News, 17 septembre 2025

Newton, Storn. “Racism a main cause in poor maternity outcomes for Black women, damning report reveals”, Independent, 17 septembre 2025