Revue de presse féministe & internationale du 08 au 12 septembre 2025

Revue de presse féministe & internationale du 01 au 05 septembre 2025
5 septembre, 2025
Revue de presse féministe & internationale du 01 au 05 septembre 2025
5 septembre, 2025

Revue de presse féministe & internationale du 08 au 12 septembre 2025


INTERNATIONAL

Coupe du monde féminine : le rugby au féminin en plein essor

  Depuis le 22 août en Angleterre, la Coupe du monde féminine de rugby captive le public et met en lumière l’essor du rugby féminin à l’échelle mondiale. Entre affluence record, performances spectaculaires et personnalités inspirantes, ce tournoi inédit offre une visibilité unique au sport féminin et promet de marquer un tournant dans sa popularité.

   À un mois du coup d’envoi, la Coupe du monde féminine de rugby 2025 connaissait déjà un engouement sans précédent avec 330 000 billets vendus et des demandes venues de 72 pays.

Comme le souligne Le Monde, l’enthousiasme autour du tournoi est renforcé par la présence de célébrités comme Ilona Maher, centre de l’équipe des États-Unis et suivie par plus de 5 millions de personnes sur Instagram et 3,6 millions sur TikTok. Révélée lors des JO 2024 de Paris, elle incarne un modèle d’authenticité et d’acceptation de soi, mêlant humour et engagement sur les réseaux sociaux.

 « J’espère que mes fans voient en moi une personne qui montre toutes ses facettes. C’est un combat constant pour apprendre à aimer et à apprécier son corps », affirme-t-elle, reflet d’une image positive et inspirante pour ses supporter·e·s. (Le Monde)

En France, un rapport publié en juin 2025 par la Fédération française de rugby (FFR) souligne une progression encourageante de la pratique féminine. Entre 2017 et 2023, le nombre de licenciées a augmenté de 94 %, avec 53 000 licenciées, et plus de 1 160 clubs qui disposent désormais d’une section féminine. Par ailleurs, des moyens supplémentaires sont consacrés aux sélections féminines afin qu’elles puissent bénéficier de conditions d’entraînement comparables à celles des équipes masculines. Le processus de professionnalisation est donc bien engagé, même s’il reste encore long et progressif.

Céline Ferrer, ancienne joueuse internationale française de rugby à XV et entraîneuse, affirme sur TF1info : « Les choses évoluent, mais sans doute plus lentement qu’on le voudrait ».

À la différence de ce qui se fait en Angleterre ou au Pays de Galles, la France reste encore loin d’un véritable professionnalisme dans le rugby féminin. Seules une trentaine de joueuses parviennent à vivre pleinement du rugby à XV grâce à un contrat fédéral à 75 % signé avec la FFR, qui leur assure un revenu mensuel compris entre 3 500 et 4 000 euros selon leur ancienneté. Pour la grande majorité des autres, y compris celles qui évoluent en Élite 1 — le championnat regroupant les meilleures équipes féminines, équivalent du Top 14 chez les hommes — la réalité est bien plus compliquée. Elles doivent en effet concilier leur pratique au plus haut niveau avec des études ou une activité professionnelle.

Cette situation de sous-professionnalisation s’accompagne parfois de conditions de travail difficiles et de comportements discriminatoires et sexistes, comme le montre le cas du Stade français, où les joueuses ont dénoncé des propos sexistes et homophobes ainsi qu’un harcèlement répété de la part du directeur sportif, resté en poste malgré une enquête interne et une plainte au pénal.

Malgré ces difficultés structurelles, le rugby féminin français continue de briller sur le terrain. Premières de leur poule, les Bleues affrontent l’Irlande en quart de finale ce dimanche 14 septembre à 14h00, en direct sur TF1. Un rendez-vous à ne pas manquer pour soutenir le rugby féminin et pousser le XV de France vers la finale du 27 septembre !

Gevin, Maxence. “Le rugby féminin français « dans le long virage » vers la professionnalisation”, TFIinfo, 7 septembre 2025

Brethes, Sarah. Turcan, Marie. “Rugby : au Stade français, sexisme et lesbophobie ne sont pas pénalisés Coupe du monde féminine de rugby : les enjeux d’une édition 2025 portée par un engouement hors norme”, Mediapart, 16 mai 2025

Moinard. Valentin. “Ilona Maher, « visage » du rugby sur les réseaux sociaux, à l’assaut de la Coupe du monde féminine”, Le Monde, 22 août 2025


Afghanistan

 Les femmes rescapées du séisme, victimes ignorées et isolées

Les femmes rescapées du séisme du 31 août sont bien plus touchées que les hommes par la catastrophe. Isolées et non soignées, elles se retrouvent être des victimes de seconde zone. En cause : la loi des talibans qui interdit à toute femme de toucher physiquement un homme qui ne serait pas de sa famille.

   Le séisme de magnitude 6 qui a ravagé l’est de l’Afghanistan le 31 août a fait 2 200 mort·es, frappant de plein fouet les femmes déjà marginalisées par les restrictions talibanes. Isolées et privées d’accès aux secours, elles sont les premières à subir les conséquences du séisme, aggravées par les restrictions du régime. 

Une jeune villageoise afghane témoigne au New York Times que les secours ne se sont pas occupés des femmes et des adolescentes, dont certaines ont perdu du sang.

D’après un volontaire interrogé par le New York Times, ayant visité la province de Kounar, l’équipe médicale était composée uniquement d’hommes : « Ils hésitaient à sortir les femmes des décombres des bâtiments effondrés. Coincées et blessées, elles étaient abandonnées sous les pierres, attendant que des femmes d’autres villages arrivent sur place pour les dégager ». Les secouristes tiraient les femmes blessées ou décédées par leurs vêtements pour éviter de rentrer en contact avec leur peau.

L’Organisation mondiale de la santé a demandé aux autorités talibanes de lever les restrictions imposées aux aides humanitaires afghanes, afin qu’elles puissent se déplacer sans tuteur masculin et venir en aide aux femmes éprouvées par le puissant séisme qui a fait 2 200 morts dans l’est de l’Afghanistan.

Depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021, les femmes afghanes vivent sous de strictes restrictions : elles ne peuvent pas voyager sans être accompagnées d’un homme, l’accès aux études médicales leur est interdit, et elles sont exclues de la plupart des emplois, y compris dans les organisations humanitaires. Conséquence directe : aucune secouriste n’est présente sur le terrain pour venir en aide aux victimes du récent séisme. Dans les hôpitaux de la région, 90 % du personnel médical est masculin, les 10 % restants étant généralement des sages-femmes ou des infirmières, non formées pour traiter des blessures graves.

Avec le retour des talibans au pouvoir, l’Afghanistan s’est retrouvé isolé du reste du monde, transformé en symbole de la régression des droits humains après le départ des troupes américaines.

Aussi, Dr Mukta Sharma, représentante adjointe de l’OMS en Afghanistan, a indiqué que les coupes dans le financement, notamment par l’administration américaine cette année, avaient déjà fragilisé le système de santé. Environ 80 établissements de santé avaient déjà fermé dans les zones touchées à cause de ces réductions d’aide, et 16 autres centres ont dû être abandonnés en raison des dégâts causés par le séisme.

 

Terriennes. Mourgere, Isabelle. “Afghanistan: les femmes, victimes abandonnées du séisme”, TV5 Monde, 11 septembre 2025

Do Marcolino, Elise.“Séisme meurtrier en Afghanistan : les femmes laissées sous les décombres par le régime islamiste des Talibans”, Midi Libre, 9 septembre 2025 

Grennfield, Charlotte. “WHO asks Taliban to lift female aid worker restrictions following earthquakes”, Reuters, 8 septembre 2025


FRANCE

Parité à l’épreuve : le PCF sanctionné pour avoir présenté plus de femmes que d’hommes

  Le 6 septembre, un décret sur l’aide publique annuelle a sanctionné financièrement le Parti communiste français. En cause : le PCF a présenté plus de femmes que d’hommes lors des élections législatives de 2024. Une décision qui soulève de nombreuses interrogations sur le sens et la portée de cette règle de parité.

    L’article 9-1 de la loi de 1988 sur la transparence de la vie financière, modifié par la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, encadre les sanctions financières appliquées aux partis politiques qui ne respectent pas la parité lors des élections.

Publié le 6 septembre dernier, un décret portant sur l’aide publique annuelle est venu indiquer que le PCF verrait sa part d’aide publique annuelle amputée de plus de 68.000 euros. La raison : lors des élections législatives de 2024, le PCF a présenté plus de femmes que d’hommes, soit 35 candidates et 32 candidats.

« Cette sanction financière appliquée à la seule force politique qui a présenté plus de femmes que d’hommes aux élections législatives de 2024 relève de l’absurdité la plus totale » Extrait de la lettre de Fabien Roussel, Secrétaire général du PCF, envoyée au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, mardi 9 septembre.

Dans ce contexte, la sanction infligée au PCF, seul parti à avoir présenté davantage de femmes que d’hommes, apparaît comme une décision allant « à contre-courant de l’histoire » selon Fabien Roussel. La décision de pénaliser un parti qui met en place la parité, ici en nommant trois femmes en plus, semble être contre-productive.

En effet, l’esprit de la loi de 2014 visait à promouvoir l’équité et l’égalité entre les femmes et les hommes en incitant les partis politiques à présenter davantage de candidatures féminines. L’objectif était de sanctionner financièrement les formations qui ne respectent pas cette règle en privilégiant les candidatures masculines. 

Or, dans les faits, les grands partis choisissent régulièrement d’assumer ces pénalités plutôt que de se conformer à la loi et de contribuer pleinement à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

D’ailleurs, cette année, le parti d’Éric Ciotti, l’Union des Droites pour la République (UDR), s’est vu pénalisé de plus de 1,3 million d’euros pour avoir soutenu cinq fois plus d’hommes que de femmes (52 hommes et 11 femmes). 

La question de la parité se pose également au sommet de l’État. La nomination d’un homme comme nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, ancien ministre des Armées, interroge sur la représentation des femmes dans les plus hautes fonctions, notamment dans les postes régaliens. Par ailleurs, les changements fréquents de gouvernement fragilisent la continuité des politiques publiques pour les femmes, y compris celles visant à promouvoir l’égalité femmes‑hommes, rendant plus difficile la mise en œuvre de mesures durables pour la parité.

“«La sanction relève de l’absurdité la plus totale» : le PCF proteste après avoir été condamné pour avoir présenté trop de femmes aux élections”, Libération et AFP, 9 septembre 2025

“Le PCF proteste après avoir été financièrement sanctionné pour avoir présenté trop de femmes aux législatives de 2024”, Le Monde et AFP, 9 septembre 2025

Roussel, Fabien. “Le PCF sanctionné pour avoir présenté trop de femmes !”, PCF, 9 septembre 2025

Paillassa, Pauline. Cometti, Laure.“Législatives 2024 : les femmes largement sous-représentées parmi les candidatures”, FranceInfo, 28 juin 2024