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Revue de presse féministe & internationale du 6 au 12 avril


FRANCE

Les féministes fêtent les 8 ans de la loi sur l’abolition de la prostituton.

Aujourd’hui, nous célébrons l’anniversaire de la loi du 13 avril 2016, loi n°2016-444, qui met fin au délit de racolage et pénalise le client-prostituteur. Avant, le système judicaire faisait porter la faute aux femmes en situation de prostitution, quand bien même elles étaient victimes du système prostitutionnel ou de proxénètes.

En France, 30 000 à 50 000 personnes seraient victimes de la prostitution, dont 10 000 mineur·es selon les estimations du Haut Conseil à l’Egalité. L’institution rappelle que de nombreux·ses victimes de la prostitution sont d’abord victimes de traite humaine en vue d’être prostituées, et qu’en raison de cela, la situation géopolitique en générale, et les guerres en particuliers, ont un impact dévastateur sur la prostitution. Le communiqué de presse du HCE datant du 13 avril 2022 s’inquiète notamment des conséquences de la guerre en Ukraine sur la prostitution.

En effet, déjà fin mars 2022, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe alertait sur :

« les “pics de recherche” en ligne des femmes ukrainiennes “pour du sexe”. Ces différentes alertes prouvent encore une fois que le système prostitutionnel se nourrit de multiples situations de vulnérabilité des femmes ».

 

En 2016, cette loi avait été portée par Laurence Rossignol, alors ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes sous le mandat de François Hollande. Cette loi est une véritable avancée pour les droits des femmes car elle pénalise le fait d’acheter des actes à caractère sexuel, au lieu de pénaliser la personne en situation de vulnérabilité. Une fois la loi passée, elle a déclaré que :

« La France affirme que […]l’achat d’actes sexuels est une exploitation du corps et une violence faite aux femmes.
Nous refusons le réglementarisme, selon lequel le commerce des femmes est un commerce comme un autre, qui n’exige que contrôle sanitaire et contrôles fiscaux.
Nous refusons le prohibitionnisme, tenant d’un ordre moral qui n’est pas le nôtre et qui criminalise les personnes prostituées.
Le modèle que nous avons choisi, c’est l’abolitionnisme. Depuis plus de cinquante ans, la France affirme une position abolitionniste de principe ».

La France affirme sa position abolitionniste, celle qui souhaite mettre fin au système prostitutionnel qui est la marque de l’exploitation des femmes par les hommes.

En plus de la pénalisation d’actes sexuels, la  loi avait prévu, en plus de la dépénalisation de la victime et de la criminalisation du coupable, un plan de réinsertion des femmes en situation de prostitution dans la société. Les femmes selon le texte de loi devaient pouvoir disposer d’un logement social, d’un suivi médical physique et psychologique, d’une aide à l’emploi et une aide financière à la réinsertion sociale, et pour les personnes en situation irrégulière, elles devaient pouvoir obtenir une autorisation provisoire de séjour d’au moins six mois. 

Or, si ce plan n’est pas correctement mis en œuvre et appliqué pour venir en aide à ces femmes, alors elles sont condamnées non seulement à la précarité, mais également à la violence des hommes les plus agressifs qui se moquent de transgresser les lois. C’est pourquoi dans son communiqué de presse de 2021, comme dans celui de 2022, le HCE regrette que cette loi ne soit pas mieux appliquée en France et demande que l’on vienne en aide aux femmes souffrant de la prostitution.

 

Il y a an maintenant, à l’occasion de l’anniversaire de la loi, la CLEF a publié une tribune dans Le Monde, n’hésitez pas à aller la lire pour plus d’informations en cliquant ici.

 

 

 

 

La CLEF, « Dossier de presse », avril 2023.
Vie publique, « Déclaration de madame Rossignol », 6 avril 2016.
L’Express, « Il y a des pics de recherche en ligne de femmes ukrainiennes pour du sexe », 23 mars 2022.

 

RWANDA

Le génocide était il y a 30 ans, retour sur les femmes victimes. 

Le génocide au Rwanda s’est perpétré de 6 avril au 17 juillet 1994. 3 mois de décimation de près d’un million de Tutsis, considérés comme des « cafards » par les Hutus.

 

TW : viol, génocide.

Devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR, 1994-2015), des milliers de femmes étaient présentes sur le banc des victimes et seulement une sur celui des condamnées. Pauline Nyiaramasuhuko, fut la seule femme condamnée par le TPIR, reconnue coupable de génocide. En 1994, elle et tant d’autres génocidaires scandaient : « avant de tuer les femmes, vous devez les violer ! »

En effet, le viol a été utilisé comme arme de guerre durant le génocide. Selon l’ONU, le nombre de filles et de femmes victimes de ce crime au Rwanda est estimé entre 100 000 et 250 000. Systématique en temps de conflit armé, il n’a pas qu’une fonction destructrice pour les femmes directement victimes mais permet de terroriser la population, d’entraver les naissances ou encore de modifier la composition ethnique générationnelle. Les femmes deviennent de véritables objets sexuels ou biologiques. En 2006, Binaifer Nowrojee expliquait que si les femmes rwandaises « n’ont pas péri pendant le génocide, aujourd’hui, elles meurent du sida alors au fond, c’est une condamnation à mort en suspens. » Finalement, triplement victimes de viol, de contamination puis de rejet de la société, elles ne guérissent véritablement jamais.

La guérison est toute aussi difficile pour les enfants nés de ces viols : « j’ai immédiatement commencé à avoir peur de ma mère parce que j’avais le sentiment d’être une blessure dans son âme » (Agnès, fille d’Agatha, victime de viol durant le génocide, AFP). Pour elle aussi, son destin a été brisé. Rejeté par sa famille maternelle car fille d’un auteur du génocide, par sa famille paternelle car Tutsi et par son premier mari car « née d’un viol », elle a été livrée à elle-même très jeune, contrainte de gagner sa vie notamment en se prostituant, lui valant un énième traumatisme. Selon l’ONG Survivors Fund, 20 000 enfants auraient été nés de viols mais aucun reconnus comme victime du génocide par le gouvernement. Depuis 2020, l’ONG Interpeace leur permet de discuter et de prendre en compte leur souffrance.

Trente ans plus tard, la reconstruction est encore difficile pour la population Rwandaise. 50 000 femmes se sont retrouvées veuves, la plupart ayant vu de leur propre yeux le massacre de leur mari ou de leur famille. Plus de 600 000 enfants se sont retrouvés orphelins. L’urgence psychologique a été comprise mais le deuil est un travail sur le long terme. Au côté de la justice pénale, la justice restaurative s’est mise en place dès 2002 grâce aux tribunaux Gacaca, pour que victimes et bourreaux puissent communiquer sur le passé.

Les commémorations du génocide restent une épreuve pour toutes les victimes et leurs enfants, ravivant les blessures qui ne sont pas encore cicatrisées.

 

 

 

 

Site des Nations Unies, « Programme de communication sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 et l’ONU ».
VOA et AFP, « Trente ans après le génocide rwandais, des victimes de viols commencent à trouver la paix », 5 avril 2024 .
Allo Docteurs, « Génocide au Rwanda : quelle prise en charge pour les rescapés ? », 2 juin 2016 .
TV5 Monde, « Rwanda, 30 ans après : “les femmes peuvent être des génocidaires comme les autres », 8 avril 2024.

 

CROATIE

Le pays inscrit le féminicide dans son code pénal.

Jeudi 14 mars, le Parlement croate a voté favorablement à l’inscription du féminicide dans son code pénal. Le pays n’est que le cinquième d’Europe à reconnaître juridiquement le féminicide, c’est-à-dire le meurtre de femmes parce qu’elles sont des femmes. Le reste de l’Union européenne opte pour une perspective « aveugle au genre ».

Le pays montre ainsi son engagement dans l’application de la Convention d’Istanbul dans la législation du pays. En plus de reconnaître le féminicide comme un crime spécifique, la Croatie reconnaît également la violence basée sur le genre en reprenant la définition de la Convention. Ce texte de la Commission européenne a pour but de travailler à la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Il est signé par la majorité des pays de l’Union européenne qui doivent maintenant adapter leur législation à partir des recommandations de la Convention. Son application dans les législations nationales est surveillée par le GREVIO – le Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

La Croatie a fait un pas important quant à l’application de la Convention en inscrivant le féminicide dans son code pénal, c’est-à-dire en reconnaissant que les femmes sont victimes de violences spécifiques en raison de leur sexe, et que ces violences vont parfois jusqu’à la mort.  Pourtant, ce changement de la législation croate n’a pas été le résultat d’un vote d’adhésion du Parlement : il y avait seulement 77 voix favorables, contre 60 voix non-favorables.

Pourtant, il est essentiel que la justice se confronte à la réalité des féminicides, et qu’elle prenne conscience de son inaction. En effet, sur ces cinq dernières années, une centaine de femmes ont été assassinées sur le territoire croate, et sur les trois dernières années les associations ont compté 43 féminicides. Sur ces 43 meurtres, 25 ont été commis par le compagnon des victimes, et 15 par leur fils.  Pourtant, la justice n’a prononcé que 9 condamnations pour meurtre aggravé.

En septembre 2023, le GREVIO a publié son rapport sur l’application de la Convention d’Istanbul en Croatie, ce qui a, en plus de la mobilisation féministe de la société civile, poussé le gouvernement à prendre des mesures concrètes de lutte contre les violences faites aux femmes. Le rapport a souligné l’absence de mesures mises en place par les forces de police pour protéger les femmes risquant la mort à cause d’un homme venant demander protection, ainsi que l’absence de mesures prises par le gouvernement pour corriger ce défaut de prise en charge. Ce refus de prendre en charge des femmes en remettant en cause leur parole, ou en refusant de se confronter aux traces et marques de violences dont leur corps sont recouverts, est un grand manquement de l’Etat sur lequel le rapport du GREVIO insiste fortement.

Il est essentiel de prendre conscience des violences spécifiques que subissent les femmes en raison de leur sexe, d’adapter le système judiciaire afin qu’il soit capable de d’appréhender ces violences spécifiques, et punir les auteurs grâce à l’actualisation de ce système.

 

 

 

 

TF1 Info, « La Croatie devient le troisième pays européen à inscrire le féminicide dans son droit », 14 mars 2024.
Site de Wave – Women Against Violence in Europe, « Femicide as a Separate Criminal Offense: A Melestone in Croatie », 4 avril 2024.
GREVIO, « Baseline Evaluation Report Croatia », 6 septembre 2023.

 

MAROC

La participation des femmes au marché de l’emploi.

En mars 2024, le Haut-Commissariat au Plan marocain a publié une étude comparative de deux régions : celle de Casablanca-Settat et celle de l’Oriental, sur la participation des femmes au marché de l’emploi du pays. Cet organisme étatique est chargé de produire des documents d’analyse et de compréhension de la situation marocaine. Créé en 2003, il remplace l’ancien ministère du Plan et des prévisions économiques.

Cette étude est justifiée par l’observation première d’une baisse significative de la participation des femmes au marché de l’emploi marocain. Certes, la participation des femmes a toujours été moins importante que celle des hommes, et la croissance démographique du Maroc n’a pas pu être endiguée par la croissance économique, ce qui se manifeste par une participation moins importante au marché de l’emploi en général. Néanmoins, les femmes sont touchées de façon disproportionnée par ce phénomène.

En 2000, le taux d’activité des femmes était à 28,1%, alors qu’il est aujourd’hui en 2023 à 19% seulement, alors que la participation des hommes est, elle, à 69%. Alors que l’écart de points moyens mondial est de 26 points entre la participation des femmes et la participation des hommes, l’écart marocain est de 50 points. Le Maroc compte d’ailleurs parmi les pays avec le taux d’activité féminine le plus faible au monde. L’étude tend donc à exposer les causes de cette moindre participation, et à mettre en lumière les profils types de femmes qui tendraient à ne pas être présentes sur le marché de l’emploi.

Pour expliquer cette faible participation des femmes à la vie économique, il est nécessaire de relever quatre éléments principaux : la situation matrimoniale de la femme, son âge, son niveau d’éducation et sa situation géographique.

Les femmes ont 73% de probabilité d’être inactives, contre 7,5% des hommes. Mais mariées, cet écart se creuse davantage puisqu’une femme mariée a 80,9% de chance d’être inactives, alors que les hommes tombent à 3,1% de probabilité s’ils sont mariés.

Également, plus un homme avance en âge, plus il est probable qu’il soit inactif, alors que la courbe de la probabilité de l’inactivité des femmes forme un U : jeune, elle a peu de chance d’être active, puis vers 40 ans c’est là qu’elle a le plus de chance d’être active, puis à partir de 40 ans jusqu’à sa mort, la probabilité d’être active diminue progressivement.

Par ailleurs, les femmes n’ayant pas fait d’étude ont 80,8% de chance d’être inactives, et plus elles sont éduquées plus cette probabilité baisse graduellement pour atteindre 38,6% pour les femmes ayant un diplôme supérieur – soit un écart de 42,2 points ; alors que les hommes n’ont qu’1,7% de chance de plus d’être inactif sans diplôme, que s’ils en avaient un. Cet écart est presque dérisoire alors que pour les femmes il est très expressif.

Enfin, les femmes des régions de l’Oriental, de Souss-Massa et de Laâyoune-Sakia El Hamra ont plus de 80% de probabilité d’être inactives, alors que les femmes des autres régions ont entre 60% et 80% de probabilité d’être inactives. La probabilité d’inactivité des hommes est à l’inverse beaucoup plus homogène sur l’ensemble du territoire : et elle ne dépasse jamais 8%.

C’est l’intersection de ces différents facteurs qui permet de créer des profils types.

Le profil typique des femmes ayant peu de chance de se retrouver sur le marché du travail sont les femmes mariées, âgées de 25 à 34 ans, peu ou pas diplômées. Dans ce cas de figure, la probabilité d’inactivité s’étend de 87,7% à 90,9%. Selon les études menées, les enfants ne constituent pas un facteur additionnel en faveur de l’inactivité. A l’inverse, le profil typique des hommes inactifs sont les hommes célibataires, âgés entre 45 et 59 ans, peu ou pas diplômés. Dans ce cas de figure, la probabilité d’inactivité s’étend de 31,2% à 49,7%.

Ainsi, les facteurs émancipateurs qui tendent à favoriser l’entrée des femmes sur le marché et donc favoriser leur indépendance et leur liberté, sont les études longues et le célibat. L’étude révèle donc que l’institution du mariage est un frein significatif à l’entrée des femmes sur le marché de l’emploi au Maroc.

 

 

 

 

Haut-Commissariat au Plan marocain, « ANALYSE INTERSECTIONNELLE DE LA PARTICIPATION DES FEMMES AU MARCHÉ DU TRAVAIL MAROCAIN Une étude comparative entre les régions de Casablanca-Settat et de l’Oriental », mars 2024.

Le nouvel album de Beyonce et la place des femmes racisées dans la musique Country.

Vendredi 29 mars 2024, Beyoncé est revenue en tête du classement de toutes les plateformes d’écoute avec son septième album dédié à la musique country, Cowboy Carter. Dressée sur son cheval blanc, habillée aux couleurs de l’Amérique et brandissant fièrement le drapeau des Etats-Unis, la reine de la pop compte bien devenir également celle de la country.

Connue dans le monde entier, Beyoncé est une chanteuse américaine d’origine texane que les médias ne présentent plus. Pour cause, en 2014, elle est considérée par le magazine Forbes comme la « star les plus puissantes du monde ». Elle est aujourd’hui la deuxième artiste la plus récompensée au monde après Michael Jackson, ayant toutefois dépassée Thriller avec sa chanson Formation en 2016. Ses disques se vendent par centaines de millions ; pour The Guardian, elle est l’artiste des années 2010 et est définitivement toujours celle des années 2020.

L’artiste afro-américaine est aussi un modèle pour beaucoup. En effet, elle ne cesse de casser les codes et les portraits classiques des chanteuses blanches du début des années 2000. Inlassable, elle se réinvente constamment passant de balades amoureuses, à des hymnes pop et féministes jusqu’au R’nB’. Revenue sur la scène en 2022 avec son album Renaissance, son nouveau projet se présente comme un triptyque engagé. Alors que le premier défendait la place des artistes noir·es et queer dans la musique house/électro, le deuxième opus, Cowboy Carter, casse une nouvelle fois les codes en revendiquant l’héritage de la musique country encore trop associée à la « culture blanche américaine ».

« Définir qui peut faire de la country, c’est définir, en filigrane, qui peut se proclamer américain·e », soulève Vogue France. En effet, la country est un style de musique née dans les Etats du Sud du pays et ancrée dans la culture américaine. Pourtant, elle est aujourd’hui représentée par une majorité de chanteurs blancs et conservateurs, invisibilisant les artistes racisé·es qui ont tout autant contribué·es à son développement. Holly G, fondatrice du collectif Black Opry qui promeut les musicien·nes de country noir·es, confie qu’elle a « toujours été une grande fan de musique country » mais qu’elle s’est constamment « sentie isolée, pas assez représentée surtout en tant que femme noire et queer ». En effet, l’industrie de ce style musical est particulièrement raciste, n’offrant pas les mêmes opportunités aux artistes blanc·hes que noir·es. Par ailleurs, la chercheuse en musicologie Jada E. Watson, avance que les artistes racisé·es sont absent·es des radios country, représentant moins de 5% de la totalité des artistes country diffusés sur les ondes entre 2014 et 2020. Beyoncé elle-même a été victime de propos racistes lors de sa performance à la cinquantième édition des Country Music Association Award en novembre 2016.

Pourtant, en seulement quelques jours, Queen B devient la première femme racisée au sommet du classement country de la revue de référence Billboard. La sortie de ce nouvel album constitue alors un « moment historique pour la country noire » selon la chanteuse Julie Williams. Mais Holly G. ne souhaite pas se réjouir trop tôt. Si l’album a eu une aussi belle lancée, « c’est parce que l’industrie est intimidée par Beyoncé, pas parce qu’elle est prête à soutenir les femmes noires ».

 

 

 

 

Vogue, « Comment Beyoncé s’attaque-t-elle au racisme dans le milieu country? », 29 mars 2024.
RTBF Actu, « Une radio country refusait de diffuser les nouveaux Beyoncé: retour sur l’invisibilisation des femmes noires dans ce genre musical », 15 février 2024.
RTBF Actu, « Le nouvel album de Beyoncé est-il un tremplin pour les chanteuses noires de country? », 2 avril 2024.

Aline Cerf est une chercheuse et doctoresse nanophysique engagée dans la lutte contre le cancer. Grâce à sa nouvelle technologie, il est désormais possible d’isoler les cellules cancéreuses dans le sang pour les détecter suffisamment tôt et, ainsi, mieux les traiter.  

Après avoir obtenu son doctorat à l’Université de Toulouse, elle a suivi un post-doctorat aux Etats-Unis, à l’université Cornell avant de rejoindre, en 2012, le CNRS. En 2016, elle cofonde la start-up SmartCatch afin de développer son travail autour de l’utilisation d’outils issus des microtechnologies pouvant diagnostiquer et traiter les cancers. Devenue cheffe d’entreprise, elle et sa dizaine d’employé·es spécialisé·es se dédient entièrement à cette recherche : “je sentais que nous tenions là quelque chose d’important. Une découverte comme on n’en fait, au fond, qu’une seule fois dans sa carrière. Transformer en projet d’entreprise cette technologie, issue du monde académique, est rapidement apparu comme une évidence” (Aline Cerf pour Toulouse Métropole). 

Son idée repose essentiellement sur la possibilité de capturer les cellules tumorales qui circulent dans le sang après s’être détachées des tumeurs. Isoler et étudier la cellule en amont, permettrait de prévenir de nombreux développement cancéreux. A titre d’exemple, si le cancer du sein est détecté suffisamment tôt, il pourrait être guéri dans 90% des cas. Comme l’exprime la chercheuse, grâce à son invention, “nous pourrions réaliser des diagnostics beaucoup plus précoces qu’en nous basant, comme c’est le cas aujourd’hui, sur des biopsies solides. De la sorte, en gagnant du temps dans l’administration des traitements adaptés, nous pourrions contribuer à sauver des vies”. 

Ses recherches lui ont valu plusieurs distinctions notamment le prix Impact aux Start Innovation CIC Business Award en 2021 et la première place du concours d’innovation i-Nov la même année. En 2022, la nouvelle technologie a été lancée dans le monde de la recherche. Après une levée de fonds de 3,2 millions d’euros, le dispositif médical devrait être accessible aux hôpitaux d’ici 2026.