Revue de presse féministe & internationale du 29 mai au 02 juin

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Revue de presse féministe & internationale du 29 mai au 02 juin

 

 

 

 

 

 


CHINE

Les Nations Unies tirent la sonnette d’alarme face à l’absence de femmes dans les hautes sphères du gouvernement.

 

Ce mardi 30 mai, les Nations Unies ont pointé du doigt l’absence de femmes parmi les sphères dirigeantes du régime chinois. L’ONU recommande notamment au gouvernement d’adopter des quotas ainsi qu’un système de parité femmes-hommes pour pousser la représentation égalitaire des femmes au sein du gouvernement.

 

Il est tout de même nécessaire de souligner que la représentation des femmes dans la vie politique est plus importante qu’il y a quelques années ; cependant, elles ne représentent que 26,54% des député•es lors du 14e Congrès national du peuple. L’ONU a notamment encouragé la Chine à augmenter le nombre de femmes dans les postes gouvernementaux ainsi que dans le domaine judiciaire et des affaires étrangères. Toutefois, depuis octobre 2022 aucune femme n’est présente au sein du politburo du parti communiste chinois, c’est la première fois en 20 ans qu’on observe cette situation. D’après des universitaires et militant•es, les dix années sous la présidence de Xi Jinping ont été synonyme de diminution du nombre de femmes dans la politique, l’élite gouvernementale mais également d’augmentation des écarts entre les femmes et les hommes dans le monde du travail.

Face au constat que les revendications féministes sont souvent étouffées dans le pays, l’ONU a également demandé à la Chine d’assurer que les femmes défenseuses des droits humains ne soient plus victimes d’intimidation, de harcèlement ou encore de représailles en raison de leurs revendications.

 

Zonebourse, « Les Nations unies s’inquiètent de l’absence de femmes dans les hautes sphères du gouvernement chinois« , 01 juin 2023.

 


Arabie Saoudite

Une militante pour les droits des femmes accusée de propagande.

 

Depuis novembre 2022, une militante pour les droits des femmes est détenue par la justice saoudienne, accusée d’avoir lancé une campagne de propagande sur les réseaux sociaux.

En effet, Manahel Al-Otaibi a été arrêtée pour avoir publié des messages contestant les lois sur la tutelle masculine et l’obligation de porter l’abaya traditionnelle pour les femmes (longue robe qui se porte par-dessus les vêtements, couvrant l’ensemble du corps sauf les mains, les pieds et la tête). En droit saoudien, une femme doit avoir un gardien (homme) pour prendre des décisions cruciales au cour de sa vie, en son nom. Une femme qui voyage à l’étranger doit également être accompagnée de son gardien et n’est même pas le gardien légal de ses enfants.

Manahel Al-Otaibi est ainsi accusée par le ministère public de mener une “campagne de propagande visant à inciter les jeunes filles saoudiennes à dénoncer les principes religieux à se rebeller contre les coutumes et les traditions de la société saoudienne”. En janvier 2023, elle a comparu devant la Cour spécialisée pour traiter les affaires liées au terrorisme, utilisée la plupart du temps pour juger les dissident•es politiques et militant•es pour les droits humains. Manahel Al-Otaibi est toujours en attente de son jugement, aucune date n’ayant été fixée pour son audience. Si elle est reconnue coupable, elle risque une très lourde peine de prison. Cela a par exemple été le cas de Salma Al-Shehab, condamnée à 34 ans de prison après avoir retweeté et s’être abonnée à des comptes d’activistes et dissident•es au régime.

Le gouvernement saoudien a pris des mesures drastiques sur les utilisateurs de twitter critiquant le pays, notamment depuis l’arrivée au pouvoir du Prince héritier Muhammad Bin Salman en 2017.

 

The Guardian, « Saudi Arabian woman arrested over Twitter and Snapchat posts promoting reform« , 30 mai 2023.
Le Figaro, « Arabie Saoudite : une militante des droits des femmes accusée de « propagande » « ,  31 mai 2023.
The New Arab, « Saudi woman arrested over social media posts promoting reform« , 31 mai 2023.

 


Espagne

Une réforme récente garantit le droit à l’avortement dans le pays, qu’en est-il réellement ?

 

En mars,  l’Espagne a passé une réforme permettant d’améliorer l’accès à l’avortement mais les moyens de mis œuvre sont jugés insuffisants dans certaines communautés autonomes. Parallèlement, les élections régionales menacent de faire percer les partis d’extrême droite, augmentant la peur liée à la mauvaise application, ou l’application négligée, de cette loi.

 

La réforme avait pour but d’améliorer l’accès à l’avortement en rendant obligatoire à chacune des 17 communautés autonomes espagnoles de proposer la procédure dans les hôpitaux publics, même ceux situés dans des localités possédants des gouvernements locaux d’extrême droite.

Les difficultés d’accès à la procédure par le système public se font ressentir par des temps d’attente longs ou encore un éloignement des cliniques assurant la procédure. De ce fait, de nombreuses femmes ont dû se tourner vers des cliniques privées proposant l’intervention à des prix variants de 300 à 700€.

La réforme avait également pour but de permettre aux personnes entre 16 et 17 ans de procéder à un avortement sans l’accord de leur parent ou responsable légal, tout en supprimant le délai légal de réflexion de trois jours qui obligeait aux personnes d’attendre 72h avant de pouvoir prendre rendez-vous.

En Espagne, l’avortement est légal et gratuit, du moins en théorie, depuis la loi sur la santé sexuelle et reproductive et la loi sur l’avortement de 2010. En pratique, l’accès des femmes à l’avortement dépend du lieu où elles vivent. Dans certaines communautés indépendantes, la majorité des professionnels de santé ont refusé de réaliser la procédure pour des raisons religieuses. Le gouvernement a ainsi mis en place des efforts pour éduquer les professionnels de santé ce qui a permis d’améliorer la situation. Malgré la réforme de mars, certains régions sont toujours en marge de l’accès à l’avortement.

 

Euronews, « A recent reform was meant to guarantee free abortion in all of Spain. Is it working ?« , 27 mars 2023.

 


 

République Démocratique du Congo

Des violences sexuelles qui ne faiblissent pas.

 

Cette semaine encore, les Nations Unies ont tenté de mettre la lumière sur les violences sexuelles qui sévissent sur le territoire de République Démocratique du Congo, touchant en grande majorité les femmes et les enfants.

Les cas de violences sexuelles semblent se concentrer dans et autour de la ville de Goma, la capitale du Nord Kivu. Dans cette région précisément, Médecins Sans Frontières a dénoncé 48 cas de violences sexuelles par jour entre le 17 et le 30 avril, dont 60% des victimes qui avaient été agressées dans les dernières 72 heures.

Cette région est très riche en ressources (mines de cobaltes, de métaux rares…) et est contrôlée par des groupes armés qui se battent pour le contrôle du territoire et des ressources. La violence a provoqué plus d’un million de victimes de déplacements forcés, beaucoup achevant leur route dans des camps de déplacé.es où l’hygiène et la sécurité sont largement insuffisantes. Le manque d’hygiène et les problèmes de sécurité ont des conséquences disproportionnées sur les enfants, mais aussi sur les femmes et les jeunes filles. En effet, de nombreux cas de viols et d’agressions sexuelles ont été signalés dans ces camps où il n’y a pas de porte et peu de personnes aptes à secourir.

L’intensité et l’escalade des violences dans cette région laisse peu d’espoir pour un cessez-le-feu, voire pour un processus de paix positif et global. En attendant de pouvoir faire cesser les violences à leur source, de nombreuses initiatives sont mises en place par des ONG pour accompagner les femmes et les filles ayant été victimes de violences sexuelles. C’est le cas de l’association LOBA, qui utilise la danse comme “outil d’émancipation et forme d’expression permettant aux personnes ayant subi des violences d’extérioriser leurs traumatismes et de se libérer”. L’association avait conduit le pilote de son projet “Recreation Thérapie” en RDC en 2017, et envisage d’y retourner en 2023 pour  y mettre en œuvre ses nouveaux projets. Il y a également le projet NENGO (co-piloté par la Fondation Pierre Fabre et cp-financé par l’AFD notamment), qui s’appuie sur le modèle du “guichet unique” (ou “One Stop Center”) qui avait été créé par le docteur Denis Mukwege (Prix Nobel de la Paix). Ainsi, depuis 2017, l’hôpital rural de Bulenga offre un accompagnement aux victimes de violences sexuelles, accompagnement structuré autour de quatre piliers : médicaux, psychologiques, juridiques et socio-économiques.

 

 

Agence Française de développement, « Avec le projet NENGO, « réparer’ les femmes victimes de violences sexuelles en RCA« , 06 mars 2023.
Fondation Pierre Fabre, « Nengo : prise en charge des victimes de violences sexuelles et basées sur le genre« .
Le Monde, « Dans l’est de la RDC, Goma plus isolée que jamais« , 06 mars 2023.
Africanews, « DRC : around Goma, « 48 victims of sexual violence per day » « , 10 mai 2023.