
Revue de presse féministe & internationale du 19 au 23 mai
23 mai, 2025Revue de presse féministe & internationale du 26 au 30 mai
HAÏTI
L’ONU dénonce l’expulsion de femmes enceintes de République dominicaine vers Haïti
Dans un communiqué de presse daté du 19 mai 2025, l’équipe humanitaire du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Haïti exprime sa vive préoccupation face à la déportation de femmes enceintes et allaitantes depuis la République dominicaine.
Depuis le 22 avril, aux points de passage frontaliers de Belladère et Ouanaminthe, différents organismes transnationaux sont venus en aide à plus d’une centaine de femmes en un mois (en moyenne, 15 femmes enceintes et 15 mères allaitantes par jour).
En réponse à cette situation d’urgence humanitaire, les agences des Nations Unies et leurs partenaires humanitaires, en coordination avec les autorités haïtiennes, sont mobilisés afin de répondre aux besoins primaires les plus urgents (apports d’eau potable, kits d’hygiène, soins médicaux, aide alimentaire, etc.)
“Ces expulsions soulèvent des inquiétudes graves en matière humanitaire et droits humains, en particulier lorsqu’elles concernent des femmes enceintes ou des mères avec de très jeunes enfants » – Ulrika Richardson, coordonnatrice humanitaire des Nations Unies en Haïti.
Depuis avril 2025, le président dominicain Luis Abinader – qui fait de la lutte contre l’immigration haïtienne l’une de ses priorités – a pris 15 mesures pour renforcer les contrôles. Désormais, les autorités dominicaines demandent les papiers d’identité à tout·e étranger·e venant se faire soigner dans un hôpital, et celles et ceux n’ayant pas de carte de séjour sont expulsé·es.
Au total, selon les dernières données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 20 000 personnes ont été expulsées via la frontière terrestre en un mois, dont la plupart sont des femmes en situation de grande vulnérabilité.
Ce durcissement de la politique migratoire laisse place à de nombreux abus. Le journal El País rapporte des témoignages de Haïtiennes violées par des agents des services d’immigration, qui leur promettent de ne pas être expulsées. (Pas d’accès à l’article car il est payant.)
Comme le rappelle ONU News, la situation en Haïti s’inscrit dans un « contexte déjà dramatique ». En effet, le pays fait face à une urgence multidimensionnelle : en raison de l’insécurité causée par les violences armées des gangs, plus d’un million de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, et la moitié de la population (5,7 millions d’Haïtiens) souffre d’insécurité alimentaire aiguë – voire d’une situation proche de la famine dans certaines zones.
L’ONU appelle à des politiques migratoires respectueuses de la dignité humaine et à une solidarité régionale face à une crise qui dépasse les frontières, afin de protéger les droits des personnes migrantes.
EUROPE
Disney+ va diffuser la Ligue des Champions féminine de l’UEFA (2025-2030)
Ce 23 mai, la plateforme de streaming Disney+ a annoncé avoir signé un accord de cinq ans pour diffuser la Ligue des Champions féminine de l’UEFA dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, en direct et sans surcoût pour ses abonné·es.
Ainsi, Disney diffusera 75 matchs par saison de la Ligue des champions féminine de l’UEFA, sans frais supplémentaires pour les abonné·es, dans le cadre d’un accord de diffusion exclusif sur cinq ans. Cet accord couvre la période de la saison 2025-2026 à la saison 2029-2030, soit cinq saisons consécutives.
Guy-Laurent Epstein, co-directeur général d’UC3, a souligné l’importance de cet accord : “La Ligue des champions féminine de l’UEFA a connu une croissance exceptionnelle ces dernières années, avec une affluence record, un niveau de diffusion en hausse et un intérêt mondial croissant. Ces nouveaux accords de diffusion […] constituent des étapes importantes dans le développement continu du football féminin en Europe”.
Cette annonce s’inscrit dans la lignée d’un partenariat qu’il a déjà avec l’UEFA depuis 2020 via le programme Playmakers dont l’objectif est d’initier plus de 132 000 filles âgées de 5 à 8 ans au football dans 6 300 centres dans 46 pays à travers l’Europe.
Malgré cette avancée pour la couverture médiatique du football féminin, les préjugés sexistes et les agressions misogynes dans le monde du football et, en général, du sport féminin, persistent et demeurent nombreux.
Nombreuses sportives, entraîneuses, arbitres mais aussi supportrices, reçoivent des insultes. En 2017, lors d’un match contre le Losc, des supporters de l’OL avaient brandi une banderole misogyne indiquant que la place des femmes n’était pas dans le stade mais dans la cuisine.
Dans une interview, le principal visage de l’arbitrage féminin français Stéphanie Frappart abordait les remarques sexistes auxquelles elle a été confrontée, notamment en début de carrière : “Oui, je me souviens être arrivé sur un stade en région parisienne pour une rencontre de R1. On m’a demandé qui j’étais, j’ai dit que j’étais l’arbitre et on m’a rétorqué : “on ne peut pas faire pire qu’une femme” ”.
Bien que cet accord soit prometteur, l’essentiel reste à jouer et le match contre le sexisme ne fait que commencer.
En France, depuis 2022, l’association Her Game Too lutte contre le sexisme et vise à promouvoir la diversité et l’inclusion dans le football. Son but est de permettre aux femmes de toutes les générations d’exprimer leur passion pour le football, sans craindre les abus sexistes. Aujourd’hui, cette association bénéficie du soutien d’institutions telles que la Ligue de Football Professionnel et la Fédération Française de Football et s’associe avec quelques clubs de Ligue 1 et Ligue 2.
*UC3 est une entité commerciale conjointe fondée par l’UEFA (Union of European Football Associations) et l’ECA (European Club Association), créée pour gérer les droits commerciaux des compétitions de clubs européens, telles que la Ligue des champions, la Ligue Europa et la Ligue des champions féminine.
EUROPE
Vers un nouvel index européen pour l’égalité salariale femmes-hommes en entreprise
L’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, instauré en 2019 en France et jugé peu contraignant et peu efficace, va être totalement refondu pour 2027. Cette révision s’inscrit dans le cadre de la transposition de la directive européenne sur la transparence des rémunérations, adoptée en 2023.
Actuellement, l’index dit « Pénicaud » repose sur cinq critères (écart de rémunération femmes-hommes, écart dans les augmentations annuelles, écart dans les promotions, augmentations au retour de congé maternité, part de femmes dans les dix plus gros salaires.) et s’applique aux entreprises de plus de 50 salarié·es. En dépit de son caractère obligatoire, les résultats stagnent : en 2025, la note moyenne s’élève à 88,5/100 et seules 2% des entreprises atteignent un score de 100/100.
Le futur index, en cours de concertation avec les partenaires sociaux, intégrera sept indicateurs, dont six automatisés, pour alléger la charge administrative. Ces critères incluront :
- l’« écart de rémunération entre les femmes et les hommes »
- l’écart de rémunération « au niveau des composantes variables ou complémentaires » (primes, heures supplémentaires…)
- l’écart de rémunération « médian »
- l’écart de rémunération médian sur les composantes variables et complémentaires
- la proportion de travailleur·ses bénéficiant de composantes variables et complémentaires
- la proportion de travailleur·ses féminins et masculins dans chaque quartile
- le classement des travailleur·ses « par catégorie d’emplois jugés de valeur égale »
Les entreprises devront justifier tout écart salarial supérieur à 5 %, sous peine de sanctions administratives.
Pour Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, cette réforme est l’occasion de franchir un cap, en réhaussant « notre niveau d’ambition avec des indicateurs beaucoup plus précis ». Le Haut Conseil à l’Égalité, dans son rapport de 2024, avait souligné les limites d’un index qui « omet le facteur du temps partiel », ne couvre qu’une partie des salarié·es et n’intègre pas « la sous-valorisation systématique des métiers féminisés ».
Le nouvel index entrera en vigueur en 2027, après une dernière publication de l’index actuel en 2026. La France entend rester pionnière sur ce sujet au sein de l’Union européenne en conservant l’obligation pour les entreprises dès 50 salarié·es, malgré un seuil européen fixé à 100. La réforme constitue une avancée bienvenue, mais à surveiller de près.
FRANCE
Deux décisions de justice importances ont été prises
Affaire French Bukkake : Ce 16 mai, la Cour de Cassation a retenu le caractère sexiste et raciste des viols commis dans l’affaire dite French Bukkake. Cette décision ouvre la voie à un procès devant une Cour d’Assises et les circonstances aggravantes de racisme et de sexisme sont désormais établies en droit. La Cour a également affirmé que la pornographie, lorsqu’elle était caractérisée par l’enregistrement de vidéos obtenues dans le cadre d’un rapport prostitutionnel – à savoir des rapports sexuels rémunérés – relève du proxénétisme et de l’exploitation sexuelle.
Affaire Joël Le Scouarnec : Ce 28 mai, le pédocriminel et ancien chirurgien Joël Le Scouarnec, qui a reconnu 111 viols et 188 agressions sexuelles commis de 1989 à 2014, sur les 299 victimes, a été condamné à la peine maximale de vingt ans de prison.